mercredi 15 juillet 2015

Le champ des possibles

Dimanche, je jouais au commis, en plein air, dans le cadre d'un événement organisé par "Le Voyage à Nantes." Cela s'appelait "le champ des producteurs." L'occasion de retrouver quelques personnes déjà croisées récemment, et de s'amuser à jouer les petites mains pour des chefs.
 
L'idée était simple et géniale: autour d'un site verdoyant, les gens venaient faire leur marché auprès de fournisseurs souvent plus habitués aux restaurateurs qu'au grand public. Ils s'inscrivaient et quand venait leur tour, ils déballaient leur course sur le devant du tipi. Mission du chef: mitonner en un quart d'heure un plat pour deux personnes avec les ingrédients choisis !
 
Il y a parfois eu du sport, des sourires jaunes et quelques oreilles grattées. Il y a eu, par exemple, ce moment de solitude, quand une femme a présenté son fenouil, sa rhubarbe et son gingembre. Va créer un plat harmonieux avec autant de saveurs si différentes et fortes! Pourtant, chaque chef a relevé le défi, chacun assurant deux heures de service, avant de céder sa place à un autre.
 
J'ai eu de la chance, beaucoup de chance. Pour débuter le bal, j'ai retrouvé le chef roi de l'improvisation et la chefette. Autant dire que pour lui qui a fait des menus mystère sa spécialité, c'était tranquille. J'ai eu l'impression de voir des assiettes de son restaurant, là, comme ça, en quelques minutes, comme si de rien n'était.
 
Et en plus, il prend la pose et le temps de se marrer!!
 
 
A ce niveau, c'est de l'art. Je crois que je ne serais jamais blasée.
 
Ensuite, j'ai fait la connaissance d'autres magiciens tout au long de la journée. Ils ont tous joué le jeu et j'ai pu mettre la main à la pâte, sans juste me contenter d'observer (même si le spectacle suffisait en soi, on est d'accord). J'ai désarrêté à la main des filets de poisson, détaillé, coupé en brunoise des légumes de toutes les couleurs, effeuillé du basilic thaï, ciselé mille herbes et, cerise sur le gâteau, levé des filets de bar. OK, j'étais un rien fébrile, tout de même, parce que je le faisais pour un chef doublement étoilé. Oui, rien que ça.
 
Normalement, c'est pas le commis qui bosse sous l'œil du chef? Quand on a un double étoilé qui vient s'amuser, on savoure, les amis, on savoure...
 
 
Je vous explique pas, avec les autres commis, on raclait la moindre de ses poêles avant qu'elle parte à la plonge... Et sans aucune vergogne, qui plus est. On a ri de notre gourmandise, de cette complicité instantanée qui se dégageait de notre équipe, de cette journée folle et joyeuse où, soudain, tout vous paraît possible.
 
L'équipe de choc. Ou comment savoir, dès le début, que ça va marcher.
 
 
Au delà du talent de ces chefs, on a lu dans leurs gestes la passion, l'envie de partager, de vivre.
 
Oui, ce dimanche, j'ai senti à quel point la cuisine me nourrissait. Dans tous les sens du terme.

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