lundi 18 mai 2015

Parenthèse d'une fille aux pieds qui poussent

Un hululement... Des chants d'oiseaux... A 7 heures ce matin, lorsque le réveil de Loulou a sonné, avec son fracas animalier qui ferait se lever un mort, j'ai eu une pensée pour Amélie, Jean-Jean et les autres.
 
A 7 heures, je n'étais pas en tenue de travail, prête pour une nouvelle journée. Mon stage est (déjà) fini.
 
Souvenez-vous, je vous avais parlé de burgers, dans mon dernier post. J'espérais bien vous éclairer plus rapidement mais, que voulez-vous, entre les heures passées au restaurant et les essais CAP Pâtisserie dans ma cuisine, un mariage breton (pas le mien, hein!) et les tribulations de Loulou, je n'ai pas eu une minute à moi.
 
Des journées sans répit, les paupières lourdes et l'envie irrépressible de se coucher avec les poules; Je me souviens d'un truc, sur ces deux dernières semaines: cette sensation d'avoir les pieds qui poussent.
 
Pas pratique pour enfiler des chaussures. Qui plus est des talons, à l'heure du mariage, donc. Heureusement que les chaussures de sécurité permettent beaucoup plus de souplesse.
 
Car oui, les amis, j'ai replongé, le temps de deux semaines, dans l'univers en inox de la cuisine pro.
 
Tout a commencé par une rencontre. Voilà un an, alors que je débarquais pour ma première journée au centre de formation, je m'étais retrouvée aussi perdue et décontenancée qu'Amélie. Petit bout de femme ultra dynamique, elle était là pour trois semaines, quand j'en prenais pour 8 mois, histoire d'acquérir des bases quant à l'organisation en cuisine. Elle allait devenir directrice d'un nouveau restau au concept innovant et elle peaufinait le projet aux petits oignons.
 
En mars dernier, je la retrouve par hasard sur un marché nantais, micro à la main. Soudain, je me demande si elle n'aurait pas tenté une reconversion vers le journalisme, l'inconsciente, mais en fait, elle était juste venue soutenir son ami, lui-même journaleux, pour un micro-trottoir. On discute, patin couffin, et lorsqu'elle me propose de venir passer un stage dans son établissement pour y faire de la pâtisserie avec Jean-Jean, ni une ni deux, je fonce.
 
Je ne connais pas Jean-Jean mais je suis sûre que c'est quelqu'un de très bien.
 
J'en vois un au fond qui s'interroge. Le rapport avec le burger, s'iou plaît ? En fait, il s'agit d'un restau qui propose des burgers, d'un côté, des pâtes fraîches, de l'autre. Tout est fait maison, se consomme sur place ou à emporter, mais vite, de préférence, car on est dans une zone de bureaux et - je l'ai découvert avec une certaine stupéfaction - il y a encore plein de gens qui travaillent dans des bureaux, qui ont des tickets-restaus, un CDD - voire, ô surprise, un CDI - des horaires à respecter et même des collègues avec qui déjeuner.
 
La vie est folle.
 
Toujours passer un entretien avant de partir en stage... Et goûter, tant qu'à faire. Mon petit cobaye préféré n'avait pas rechigné à la tâche.
 
 
De mon côté, je me suis donc calée derrière les cuisines ouvertes, au poste de la pâtoche. Objectif: réaliser le dessert de la semaine. Un moka en première semaine, des charlottes aux fraises individuelles la deuxième semaine. Pour le moka, autant vous dire qu'en termes de génoise, je me suis fait des biscottos de malade et que mes triceps n'ont plus rien à envier à Schwarzy (j'avais pris l'option "je suis de Marseille", aussi, pour me donner de la contenance, ça a laissé des traces, s'cusez).
 
 
Une coupelle en plastique? Sur place ou à emporter, qu'on vous dit...
 
Mes crèmes au beurre et mes cartouchières par milliers réalisées, j'ai volé de poste en poste et goûté de nouveau au speed du coup de feu, aux taillages multiples et variés, à la mise en place bien comme il faut, mais aussi... aux plaisirs insoupçonnés de la plonge (nan, je déconne) (enfin si, j'ai vraiment fait de la plonge, mais enfin, y'a rien de scandaleux là dedans, on est d'accord) (c'est juste que ça m'avait pas manqué).
 
J'ai pu de nouveau faire ressortir mon côté Gaston Lagaffe, lorsque je suis passée à la cuisson des frites (110 couverts de moyenne, vous imaginez un peu le nombre de cornets à balancer, et pas dans la face des clients, on se tient). Une première brûlure en début de service et une deuxième, quelques minutes plus tard... à la pliure du coude.
 
Oui, c'est possible. On peut se brûler à la pliure du coude. La chair s'avère particulièrement tendre, d'ailleurs, on est sûr de ne pas se louper.
 
J'ai même entendu, ça a fait "pshiiiiiitt"...
 
Bref, je suis sous antibio parce que le tout s'est infecté, j'ai de nouveau pu constater le rythme effréné que nous impose la cuisine, j'ai dégagé une légère odeur de frites chaque soir en rentrant et pourtant... j'ai adoré ces deux semaines. Le kiff, vraiment, avec une ambiance géniale, une solidarité de dingue au moment où le car de japonais - qu'on attend toujours et qui n'arrive normalement jamais, pensée pour Fabienne - a débarqué. Sérieux, 156 couverts lors d'un service et pas un éclat de voix en cuisine.  C'est possible.
 
Vendredi soir, j'ai quitté Amélie, Jean-Jean (qui est vraiment quelqu'un de très bien, ouf), le chef et toute la bande pour retourner dans ma petite cuisine à moi, pour la dernière ligne droite avant l'examen, le 15 juin. Cette incursion dans la vraie vie m'a donné la pêche dont j'avais besoin. J'ai réalisé que, polio ou pas, j'avançais.
 
J'aurais juste pas dû prendre l'option "pieds qui poussent", franchement, c'est vraiment pas pratique.
 

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