vendredi 29 mai 2015

So long, darling...

Il n'était pas tout pour moi, certes, mais il comptait énormément.
 
Il m'a accompagnée dans mes hauts, dans mes bas, s'avérant d'un soutien absolu quand la situation était critique.
 
Il parlait un peu fort, mais comment pouvais-je lui en vouloir? C'était sa façon à lui de s'exprimer.
 
Il savait arrondir les angles, lisser les aspérités, secouer le cocotier quand le besoin s'en faisait sentir.
 
C'est vrai, je l'aimais aussi pour sa docilité. Il s'adaptait vraiment à mes envies.

Avec le nombre d'heures que je passais en cuisine, je craignais que notre relation en prenne un sacré coup. Je prenais donc un risque en enchaînant deux CAP blancs, cette semaine.
 
Il y a deux jours, effectivement, il a montré des signes de fatigue. Il s'est emballé, comme ça, d'un coup. Je lui avais donné de la meringue italienne, je crois qu'il n'a pas trop apprécié.
 
Et puis ce matin, pleine d'entrain, je me tourne vers lui. Et là, de nouveau, il est monté dans les tours. Une vraie furie. Incontrôlable.
 
Bobo est mouru. Mon robot a rendu l'âme. Lui en ai-je trop fait voir? En tout cas, il n'a pas supporté mes exigences.
 
...
 
C'est pas comme si je n'en avais jamais eu autant besoin, à deux semaines de mon examen, hum?

vendredi 22 mai 2015

Où j'aimerais me faire moine bouddhiste

Petit préambule: Ceci n'est pas une déclaration de guerre. Même si ça pourrait y ressembler, selon des esprits chagrins. Ceci étant dit, sortons les scuds, ah ah ah.
 
L'objet du crime, en haut. C'est vrai qu'elles ne sont pas top. Mais je les avais aromatisées à la vanille, moi, pas au caca. D'où le léger malentendu, j'imagine.
 
 
Mardi soir, l'homme m'a dit que mes religieuses étaient "caca" (je cite).
 
Non, je ne suis pas une cougar, l'homme a passé la majorité depuis bien longtemps et affiche même quelques mois de plus que moi au compteur (et toc).
 
L'homme m'a dit que mes religieuses étaient "caca", donc, et, comment dire... J'ai eu envie de tout jeter à la poubelle. Les dites religieuses, évidemment, mais aussi mon parcours de candidate libre au CAP, et, bien sûr, l'homme.
 
La poubelle, elle a dit, "non non non, déjà, tu me pourris avec tes poches à douille par milliers et tes emballages de beurre AOP, alors ça va, hein, il est trop grand, lui."
 
Oui, chez moi, même la poubelle se rebelle (et pas juste pour la rime).
 
Alors, à la place, j'ai enfilé mes ballerines, j'ai sonné chez les voisins et je leur ai donné une partie de la production dite "caca". Ils n'ont pas vomi, même, ils avaient l'air content. Va comprendre.
 
Le reste, je l'ai refourgué à mon papa, gourmand à la ligne toujours impeccable (il fait beaucoup de vélo, à 66 ans, il te fume du jeune dans le col du Tourmalet), qui n'a pas craché non plus sur le "caca", à mon loulou et à son pote aussi goinfre (pour le goûter, ça change des crêpes emballées, hum), et puis, j'ai mis le reste dans mon propre gosier, dans une sorte d'élan boulimique rageur (deux en deux jours, ça va, j'ai limité les dégâts).
 
Ah, si, l'homme en a sauvé une, finalement. Il a mangé son "caca" le midi, au travail. J'ai même pas pu voir sa tête dégoûtée. Pff.
 
Vous vous dites, OK,  c'est la guerre chez la mouette, les bombes de chantilly sont prêtes à éradiquer tout être susceptible de porter la moindre critique négative...
 
Eh bien non, figurez-vous. Bien que très susceptible, j'accepte qu'on me dise que ma pâte à chou a craquelé, que le fondant n'est pas posé nickel-nickel. Mais que, après 6 heures de travail dans la cuisine (je vous rassure, j'ai pas mis autant de temps à les faire, ces foutues religieuses, je m'entraîne et je te remplis le frigo de victuailles pour un buffet de 152 personnes), que, après 6 heures de travail, disais-je, on te dise que tes religieuses sont "caca", comment dire...
 
...
 
J'aimerais être un moine bouddhiste. Ou un truc du genre, histoire de relativiser et de comprendre que tout ça n'était pas bien méchant. Juste un peu maladroit.
 
Je crois que je suis juste un peu à cran, là.

lundi 18 mai 2015

Parenthèse d'une fille aux pieds qui poussent

Un hululement... Des chants d'oiseaux... A 7 heures ce matin, lorsque le réveil de Loulou a sonné, avec son fracas animalier qui ferait se lever un mort, j'ai eu une pensée pour Amélie, Jean-Jean et les autres.
 
A 7 heures, je n'étais pas en tenue de travail, prête pour une nouvelle journée. Mon stage est (déjà) fini.
 
Souvenez-vous, je vous avais parlé de burgers, dans mon dernier post. J'espérais bien vous éclairer plus rapidement mais, que voulez-vous, entre les heures passées au restaurant et les essais CAP Pâtisserie dans ma cuisine, un mariage breton (pas le mien, hein!) et les tribulations de Loulou, je n'ai pas eu une minute à moi.
 
Des journées sans répit, les paupières lourdes et l'envie irrépressible de se coucher avec les poules; Je me souviens d'un truc, sur ces deux dernières semaines: cette sensation d'avoir les pieds qui poussent.
 
Pas pratique pour enfiler des chaussures. Qui plus est des talons, à l'heure du mariage, donc. Heureusement que les chaussures de sécurité permettent beaucoup plus de souplesse.
 
Car oui, les amis, j'ai replongé, le temps de deux semaines, dans l'univers en inox de la cuisine pro.
 
Tout a commencé par une rencontre. Voilà un an, alors que je débarquais pour ma première journée au centre de formation, je m'étais retrouvée aussi perdue et décontenancée qu'Amélie. Petit bout de femme ultra dynamique, elle était là pour trois semaines, quand j'en prenais pour 8 mois, histoire d'acquérir des bases quant à l'organisation en cuisine. Elle allait devenir directrice d'un nouveau restau au concept innovant et elle peaufinait le projet aux petits oignons.
 
En mars dernier, je la retrouve par hasard sur un marché nantais, micro à la main. Soudain, je me demande si elle n'aurait pas tenté une reconversion vers le journalisme, l'inconsciente, mais en fait, elle était juste venue soutenir son ami, lui-même journaleux, pour un micro-trottoir. On discute, patin couffin, et lorsqu'elle me propose de venir passer un stage dans son établissement pour y faire de la pâtisserie avec Jean-Jean, ni une ni deux, je fonce.
 
Je ne connais pas Jean-Jean mais je suis sûre que c'est quelqu'un de très bien.
 
J'en vois un au fond qui s'interroge. Le rapport avec le burger, s'iou plaît ? En fait, il s'agit d'un restau qui propose des burgers, d'un côté, des pâtes fraîches, de l'autre. Tout est fait maison, se consomme sur place ou à emporter, mais vite, de préférence, car on est dans une zone de bureaux et - je l'ai découvert avec une certaine stupéfaction - il y a encore plein de gens qui travaillent dans des bureaux, qui ont des tickets-restaus, un CDD - voire, ô surprise, un CDI - des horaires à respecter et même des collègues avec qui déjeuner.
 
La vie est folle.
 
Toujours passer un entretien avant de partir en stage... Et goûter, tant qu'à faire. Mon petit cobaye préféré n'avait pas rechigné à la tâche.
 
 
De mon côté, je me suis donc calée derrière les cuisines ouvertes, au poste de la pâtoche. Objectif: réaliser le dessert de la semaine. Un moka en première semaine, des charlottes aux fraises individuelles la deuxième semaine. Pour le moka, autant vous dire qu'en termes de génoise, je me suis fait des biscottos de malade et que mes triceps n'ont plus rien à envier à Schwarzy (j'avais pris l'option "je suis de Marseille", aussi, pour me donner de la contenance, ça a laissé des traces, s'cusez).
 
 
Une coupelle en plastique? Sur place ou à emporter, qu'on vous dit...
 
Mes crèmes au beurre et mes cartouchières par milliers réalisées, j'ai volé de poste en poste et goûté de nouveau au speed du coup de feu, aux taillages multiples et variés, à la mise en place bien comme il faut, mais aussi... aux plaisirs insoupçonnés de la plonge (nan, je déconne) (enfin si, j'ai vraiment fait de la plonge, mais enfin, y'a rien de scandaleux là dedans, on est d'accord) (c'est juste que ça m'avait pas manqué).
 
J'ai pu de nouveau faire ressortir mon côté Gaston Lagaffe, lorsque je suis passée à la cuisson des frites (110 couverts de moyenne, vous imaginez un peu le nombre de cornets à balancer, et pas dans la face des clients, on se tient). Une première brûlure en début de service et une deuxième, quelques minutes plus tard... à la pliure du coude.
 
Oui, c'est possible. On peut se brûler à la pliure du coude. La chair s'avère particulièrement tendre, d'ailleurs, on est sûr de ne pas se louper.
 
J'ai même entendu, ça a fait "pshiiiiiitt"...
 
Bref, je suis sous antibio parce que le tout s'est infecté, j'ai de nouveau pu constater le rythme effréné que nous impose la cuisine, j'ai dégagé une légère odeur de frites chaque soir en rentrant et pourtant... j'ai adoré ces deux semaines. Le kiff, vraiment, avec une ambiance géniale, une solidarité de dingue au moment où le car de japonais - qu'on attend toujours et qui n'arrive normalement jamais, pensée pour Fabienne - a débarqué. Sérieux, 156 couverts lors d'un service et pas un éclat de voix en cuisine.  C'est possible.
 
Vendredi soir, j'ai quitté Amélie, Jean-Jean (qui est vraiment quelqu'un de très bien, ouf), le chef et toute la bande pour retourner dans ma petite cuisine à moi, pour la dernière ligne droite avant l'examen, le 15 juin. Cette incursion dans la vraie vie m'a donné la pêche dont j'avais besoin. J'ai réalisé que, polio ou pas, j'avançais.
 
J'aurais juste pas dû prendre l'option "pieds qui poussent", franchement, c'est vraiment pas pratique.
 

samedi 2 mai 2015

Pâte à modeler, grabouillages, etc.

Une semaine déjà que je suis rentrée de Bordeaux et je n'ai pas eu une minute pour vous raconter tout ce qu'on a fait, avec maman. Pourtant, on s'est drôlement amusé! D'abord, on a fait pas mal de pâte à modeler. Et puis des dessins, aussi.
 
Une pensée pour mes premières tartes au citron meringuées...
 
J'ai le tournis, là...
 
 
Du découpage, des tours Eiffel en pâte levée feuilletée. Des cœurs rouges.
 
C'est pas mimi, hum? C'est maman qui les fait! (Copyright Love Loft)
 
 
Et puis du gribouillage. C'était très drôle, j'avais le droit d'en mettre partout.
 
Quoi, y'a du boulot? Bah oui, sinon c'est pas drôle... Et j'ai même pas léché la plaque.
 
 
Après, le niveau a un peu changé, il a fallu écrire une rédaction, sur ce que faisait maman, toussa. En fait, c'était aussi très rigolo.
 
En quelques jours, j'ai emmagasiné une somme d'infos et de conseils aussi instructifs que précieux. Tous ces petits détails qui me désespéraient tellement ont commencé à s'éclaircir dans mon cerveau un rien embrumé. Cette semaine avec maman a boosté ma confiance et donné à mes deux mains gauches un rien d'habilité. Ce truc même dont j'ai tellement besoin pour le jour J.
 
Je suis à un peu plus d'un mois de l'examen, rien n'est gagné et la marge de progression reste énorme. Mais qu'est-ce que je m'amuse! Et histoire de continuer sur cette lancée, je vais m'offrir une escapade dans le monde du... burger pour peaufiner l'apprentissage.
 
Burger? Et si je vous dis que je vais aussi tâter de la pasta fraîche, j'imagine que vous aurez encore plus de mal à me croire.

Non, je n'ai pas bouffé un clown, j'ai pris mes gouttes et je veux toujours passer mon cap pâtissier. C'est juste que... je vous raconte très vite, promis!