mardi 9 septembre 2014

Appelez-moi chef!

Appelez-moi Chef... Ou "Petite chef", comme l'a si bien trouvé l'un de mes camarades apprentis marmitons. Oui, parce que le vrai chef, celui qui fait les gros yeux, il a eu la bonne idée de me mettre "Chef", cette semaine, et c'était sacrément bien trouvé, tiens.
 
C'était en effet la meilleure façon pour moi de me refaire la cerise, de reprendre goût et espoir à cette formation - sachant que la passion de la cuisine et de la pâtisserie, elle, ne m'avait jamais quittée.
 
Avec mes trois petites responsabilités, je me suis sentie toute regonflée. Prendre mon air digne pour vérifier les températures des frigos, se transformer en passe-partout en tant que seule détentrice des clés, dire à machin d'aller vérifier la plonge, à truc de laver les plans de travail, à machinchose de s'occuper de la légumerie et surtout, ô moment de grâce, jouer à l'aboyeur en demandant deux faux-filets à point, en direct et plus vite que ça, ou faire la moue devant cette assiette de moules peu garnie à mon goût... Ah la la, c'est jouissif.
 
Un moment, j'ai même joué les tyrans en demandant à l'un de mes esclaves des stagiaires de nettoyer le frigo, vu qu'il avait renversé mon cul de poule rempli d'un appareil destiné à MA tarte (je cuisine pour le perso, ouais, faut bien quand même faire un minimum).
 
D'ailleurs, petite parenthèse, je me suis demandé si, à tout hasard, je n'avais pas été maraboutée. Pourquoi la seule préparation qui part en vrille est celle que j'ai concoctée, hein? Quelqu'un m'explique?
 
En même temps, un cul de poule, c'est rond, donc susceptible d'un rien d'instabilité.
 
Soit.
 
Mais je reste attentive, quelqu'un s'amuserait avec une poupée à mon effigie que je ne serais pas étonnée.
 
Comment ça, je deviens parano? Rappelez-vous que je suis chef, les gens, forcément, mon pouvoir fascine, attire et suscite les jalousies...
 
Bon, rassurez-vous. Pas d'inquiétude pour mes chevilles, le curseur de la confiance en soi n'est pas à ce point remonté et l'ensemble reste fragile. Mais le fait de m'être imposé quelques règles (par exemple, euh, bah travailler le soir chez moi, mais vraiment, je veux dire) m'apporte un peu de zénitude, comme dirait la Ségo.
 
Au lieu de papillonner, je lis et remplis des tas de devoirs et je vais devenir incollable (il faut l'espérer, en tout cas) sur le jargon culinaire et l'intérêt de porter des tissus moches en cuisine.
 
Vous voyez, je suis sûre que vous m'enviez... Aïe, non, pas de piqûre, s'te plaît, monsieur le marabout, sincèrement, j'ai pas besoin de ça pour aggraver mon cas. D'ailleurs, en me voyant faire lamentablement tomber un bout de tarte aux fraises-pistache au sol (elle était destinée à ma bouche. C'est mon inconscient, je crois, qui a provoqué la chute, histoire que je limite les dégâts et que je ne sois pas à me demander qui m'a collé ces culottes de cheval sur mon corps de rêve) (mais là, je suis en train de vous perdre avec des détails à trois balles) (bref), l'un des stagiaires m'a regardée en souriant, avant de lâcher la phrase magique:
 
"C'est vrai que t'as un petit côté Pierre Richard, toi!"
 
Hum... Les boucles blondes et la chaussure noire en moins, peut-être?
 
 

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