vendredi 29 août 2014

Ce léger voile sur la rétine...

C'est drôle, lorsque je me plonge dans le délicieux piège de la nostalgie, les images défilent, et j'entends les violons sans chercher à les effacer. J'ai envie d'être imprégnée de cette atmosphère-là, où se mêlent tristesse, douceur, regrets et bonheurs passés.
 
En ce moment, je n'aspire qu'à ça. Me glisser dans ce nid douillet, nourrir cette mélancolie que je ne cherche même plus à fuir. N'écouter que des airs teintés de mélo, comme pour demeurer dans cet état de flottement qui m'a envahie.
 
Je ressens une espèce de jubilation, même, lorsque mon cœur est touché direct, et que je réalise à quel point je recolle les morceaux, en ce moment. Derniers exemples en date ces deux derniers jours où, plutôt que d'enchaîner les névralgies à force de potasser mes devoirs, j'ai choisi les salles obscures. Bilan, deux œuvres jolies, vraiment, Le beau monde et New York Melody, avec en toile de fond... la séparation.
 
Au cas où j'aurais oublié que j'étais un peu directement concernée, tiens.
 
L'avantage d'aller au ciné seule, c'est qu'on peut déverser des torrents de larmes presque discrètement. Seul le moment de la sortie s'avère délicat, parce qu'il faut affronter le regard de ces curieux qui vous dévisagent, juste parce que votre visage est défait.
 
A vrai dire, c'est un peu le cadet de mes soucis, en ce moment. Je traîne un rien mon vague à l'âme? Et alors? Qui a décidé qu'il fallait vaille que vaille garder le regard fixe, la tête droite, le sourire jamais loin?
 
La décence?

Ah oui, autant pour moi. Si je relativise un tout petit peu, je dois bien admettre que ma mélancolie, elle pousse un peu, parce que je suis pas malheureuse. Ben oui, contrairement à des millions de vrais gens qui auraient de quoi se plaindre, j'ai la vie devant moi (enfin, je frise les 40 piges, hein, là, je pourrais contester), je ne suis pas malade, j'ai un toit, de quoi manger, un loulou extra, l'éternelle ritournelle, toussa, toussa...
 
Ben oui mais, que voulez-vous, la mélancolie, elle est ma fidèle compagne, depuis toujours, je crois. A bien y réfléchir, j'ai toujours senti en moi cette ambivalence. J'étais un clown, à l'extérieur, avec mes cheveux bouclés et ma bouille trop ronde. Je me faisais facilement de nouveaux amis et je crois que, de la maternelle au lycée, voire même ensuite, on m'a toujours trouvé sympa, boute-en-train, plutôt dynamique.
 
Tant mieux, hein, je ne vais pas me plaindre. Peut-être, même, cela m'a-t-il arrangé. J'ai pu masquer cet autre moi, qui se complait aujourd'hui dans cet état mélancolique, allongée sur le canapé, à laisser couler ses larmes, comme ça, juste au son du piano, de ce p... de violon, aussi.
 
Tout s'entrechoque. Les peines ravalées, ce sentiment de devoir s'écraser et de ne pas trop demander, cette attente, cet oubli de soi, toutes ces années passées à essayer de se faire aimer, tous ces instants, aussi, de surprise quand j'ai pu lire l'amour ou l'admiration dans le regard des autres.
 
J'entretiens ce sentiment, oui, et à ceux qui me conseilleraient, avec sagesse j'en conviens, de cesser aussitôt ce petit manège narcissique, parce qu'on ne vit pas dans le passé et qu'un tas de projets m'attendent, je leur dirais simplement: laissez-moi juste digérer, reprendre pied, devenir ce que je suis en acceptant que, moi aussi, je peux laisser ce léger voile sur la rétine se manifester.
 
C'est gênant, je l'admets. Hier, par exemple, alors que je passais au centre de formation avant la rentrée officielle, lundi prochain, je n'ai pas pu empêcher mes yeux de s'embuer à la simple évocation de mon stage passé. Une fois encore, j'en ai pris plein les mirettes et je savoure cette chance que j'ai eue de travailler auprès d'un chef si créatif et doué. Mais cette aventure a mis en lumière ces fragilités que je tentais depuis si longtemps d'esquiver.
 
Il est question de prendre confiance en soi, bien sûr, et de transformer cette sensibilité accrue en une force. J'entends déjà le killer en moi - si, si, on a tous un killer en nous - me demander de me coller deux claques et d'avancer maintenant, ça va bien, hein, les ruminations. Et puis, je vois débouler la puce mélancolique, qui effleure ma peau et mon esprit si souvent, pour me supplier de surtout, surtout, ne pas chercher à tout chambouler.
 
Personne n'est épargné par les doutes, les ambivalences, les peurs. On peut chercher à les affronter, les braver. Moi, je crois que j'ai juste envie de les apprivoiser parce que je sais, au fond, que la rigolote doit cohabiter avec cette jeune fille un peu trop sensible et que le mariage devient chaque jour plus compliqué.
 
 

lundi 25 août 2014

Un pied de nez face à l'inconnu

Lorsque, à 18 heures, j'ai enfilé mon gros gilet gris et ajouté un plaid, avant de rêver d'un bon feu de cheminée, j'ai compris ce qui était en train de se tramer.
 
Cette grisaille. Ces routes de nouveaux encombrées. Ces pulls et pantalons qu'on enfile sans y réfléchir. Ces listes infinies de choses à régler pour hier.
 
Pas de doute. Aujourd'hui, c'était la reprise.
 
Ouille.
 
Comme j'avais un rien le blues, après avoir passé trois semaines pleines de soleil et de joie, de pierres et d'eau, de verdure et de lumière, j'ai pensé que, quand même, c'était pas sympa d'attaquer de pauvres êtres un rien déconnectés de la réalité.
 
Oui, ça pique. Mais j'aime bien quand même...

Les Caraïbes? Les Antilles? Non, l'île de Porquerolles...

Oh, mais, mais, c'est une sorcière...

Bain de (presque) minuit...

... Et dernières heures passées sur la Méditerranée.

A Aix-en-Provence, des façades à tomber...

Mais, mais, mais, c'est la Vierge!

Le Mont St-Clair, ou comment frôler la tendinite en le grimpant en tongs...

Nîmes, lumineuse...

Ceci est un être humain tout ce qu'il y a de plus équilibré, contrairement aux apparences...

... En revanche, méfiance, ce lion-là est neurasthénique.
 
 
Mais, allez, je ne vais pas vous jouer la complainte de la pauvre mouette qui aurait trop pris le soleil.
 
Oui, j'ai un peu peur, de ce qui va suivre. Oui, je suis excitée, aussi, par les échéances à venir. Oui, je doute et je m'interroge sur la suite des événements.

Histoire d'éviter nœuds au cerveau et rate au court-bouillon, une seule alternative: foncer. Et avant de reprendre la cuisine en vrai, la semaine prochaine, je potasse la théorie, toute seule comme une grande.
 
J'ai à peu près une tonne de devoirs à rendre. Je ne devrai pas trop m'ennuyer. Quant à la mélancolie qui a tenté d'envahir mon pauvre esprit, voilà ce que je lui dis, tiens.
 
Comment ça, j'ai fortement régressé cet été? Je vois même pas de quoi vous parlez...
 
 
 

mardi 5 août 2014

Cette aventure aux mille couleurs

Parmi les milliards de lignes de ma "to do list" du jour, il y avait "actualiser le blog".
 
Genre, elle se foutrait pas un peu de nous, la mouette, à négliger son propre espace ? (et elle pèterait pas un peu un câble à parler d'elle à la troisième personne?)
 
Bon, j'aurais pu vous raconter en long et en large cette dernière semaine, ce sentiment de remonter la pente, de reprendre de cette confiance qui me fait si souvent défaut.
 
Cette fois, avant le dressage, j'ai pu m'occuper de la cuisson de ces jolies choses, eh eh eh...

Dernière assiette...

 
 
J'aurais pu vous raconter ces derniers dressages, ces derniers repas partagés avant le service, ces autres, après, quand la plonge est enfin finie, rigoler encore de ces blagues de potache, quand il a été temps de nettoyer une dernière fois la cuisine, à fond, avant la fermeture pour congés annuels. Souffrir encore des brûlures provoquées par le vinaigre blanc sur les plaies à vif... Entendre les encouragements du chef, comme pour conclure un stage aux mille couleurs.
 
So long, les Chants d'Avril. On a tiré le rideau et on est parti pique-niquer sur la plage, tous ensemble, comme en famille.
 
Mais, mais, mais... Mais c'est bien une mouette, en vitrine, c'est pas dingue, ça ?
 
A la rentrée, le chef aura retrouvé toute l'énergie et la création qui l'animent pour offrir encore et toujours ces orgasmes culinaires dont il est si fier. Chefette continuera de gérer la salle et le restaurant, en attendant un heureux événement. Bidou et Rebou poursuivront leur aventure ailleurs, après deux années riches d'apprentissage.
 
Sinon, le chef se débrouille très bien aussi avec ses petites poivrières, celles qui contiennent ses propres créations, si si (si c'est pas la grosse classe, ça)
 
Et moi, je retournerai aux fourneaux, pour de nouvelles odyssées (si, si, on peut parler d'odyssées, à ce stade!) avec, déjà, un sacré challenge fin septembre... J'en suis déjà toute émoustillée.
 
Mais pour l'instant, l'heure est venue de baisser le rideau ici aussi, le temps d'aller prendre le soleil avec Loulou et des amis... C'est pas que je m'ennuie, mais à l'heure où je vous écris, à huit heures de partir, les bagages ne sont toujours pas faits... Hum.
 
Non, je n'ai pas de cheveux blancs, c'est le reflet du soleil sur mes cheveux après une fraîche baignade... Un avant-goût de ce qui nous attend!
 
 
Je vous souhaite à tous de belles vacances et, pour ceux qui seraient déjà revenus, ou qui ne seraient pas partis, réjouissez-vous : elles sont belles, nos villes et campagnes, une fois désertées, non? :)

...

Bon, OK, je sors. Rendez-vous dans quelques semaines?