lundi 9 juin 2014

La carotte de la fraise

Samedi, plutôt que de céder à l'envie pourtant pressante d'aller en prendre plein les yeux avec les géants de Royal de Luxe, j'ai pris mon vélo. Direction, dans un premier temps, le centre-ville nantais.
 
Grosse cohue, ambiance de coupe du monde qu'on aurait remportée (il fut un temps où les Bleus savaient rendre les Français fiers d'eux)... Tentation, quand même, de faire un crochet. Malgré cette foule qui m'effraie.
 
Oui, mais non. J'ai rendez-vous sur les quais de la Loire. Une amie a lancé un petit défi, faire Nantes-Pornic (45 km) sur nos petits deux-roues. Nous sommes donc trois, au départ (je n'ai pas osé lui demander le nombre de personnes qui ont décliné l'offre). Flo, la troisième comparse, nous prévient illico: elle est plus à l'aise à courir qu'à pédaler, d'ailleurs, la dernière fois qu'elle a voulu la jouer petite reine, elle s'est cassé un bras.
 
Eh ben, je vois que je suis pas la seule à les cumuler. Ça rassure.
 
Nous voilà donc parties avec une envie folle, déjà, de profiter de Pornic, sa plage, sa côte et... sa glace à la fraise. Nous avons unanimement approuvé, ce sera notre récompense. Et notre carotte, si jamais, vraiment, l'une de nous trois commençait à se décourager.
 
Bonjour, voilà ce qu'on appelle le "selfie casse-gueule". Taux de probabilité de chute évalué à 50%. J'ai eu de la chance, ce jour-là, même pas mal.
 
Y'a pas de raison, on est d'accord, nous sommes de grandes sportives devant l'éternel (ah ah), mais, le doute s'immisce, sur le bac que nous avons emprunté pour traverser la Loire. Lorsqu'on lui parle de notre virée jusqu'à Pornic, le capitaine nous regarde comme si nous venions de lui annoncer qu'on partait faire le tour de la Lune sur une trottinette.
 
Et au sortir de l'eau, lorsque nous grimpons le premier col (mes parents ont pris l'option marseillaise, pour mon ADN), je me demande si nous ne sommes pas, effectivement, en train de s'envoler pour la Lune, mais sans les réacteurs. Rapport à mes muscles qui me snobent. Pas envie de se remuer, les cocos.
 
Finalement, mes petits malins se réveillent et surtout, la route s'éclaircit (entendez qu'elle s'aplatit). La balade est grandiose, on emprunte les voies cyclables et on tombe sur des choses épatantes, un château qui fait partie de ces "folies nantaises", une curiosité que je découvre dix mille ans après tout le monde,
 
Ce bateau, c'est un peu nous, un bout sur la terre ferme, l'autre qui balance sérieusement vers la mer, prometteuse. Presqu'autant que la glace à la fraise qui nous attend, tiens.
 
des villages déserts et leurs maisons de pierre, et ce portail qui semble ouvrir la voie d'un chemin bien mystérieux...
 
J'ai résisté. Je n'ai pas ouvert. Pas envie de réveiller les fantômes...
 
 
Nous sommes aux anges.
 
Après deux heures à pédaler sous un soleil de plomb (nous sommes parties vers midi, histoire d'optimiser nos chances d'insolation, sinon, c'est pas drôle), on s'imagine déjà, les pieds dans l'eau. Et puis, avec une p'tite glace à la fraise, hum.
 
Le pique-nique passé, j'imagine déjà la méga-sieste sur la plage, sous une légère brise et le doux remous des vagues. Toujours émerveillées par le spectacle alentours (et aussi parce que la route est plate, soyons honnête...), nous avalons les kilomètres.
 
Ça a l'air long, comme ça, mais en fait... ben oui, ça l'est.
 
 
Après près de quatre heures, on réalise qu'on est juste en train de faire un léger détour d'une bonne quinzaine de kilomètres. Bah, rien de méchant, nous sommes en balade. Mais quand il fait 45°, que tu as un gros sac sur le dos (en prévision de la séance plage qui nous attend) et que tu te retrouves sur une départementale avec des klaxonneurs en guise d'automobilistes, qui plus est sur une route qui ignore le sens du terme "plat", comment dire, ça compte un peu.
 
Mais peu importe, on reste de bonne humeur, après tout, on va se baigner et surtout, notre récompense nous attend. La fameuse glace à la fraise.
 
On roule, on roule. J'ignorais que la région était à ce point vallonnée, tiens.
 
A un moment, je me demande, quand même, s'il ne faudrait pas demander un petit soutien extérieur. Et puis, je me souviens que je ne crois pas en Dieu. Me reste plus qu'à pédaler.
 
 
A Flo, qui, effectivement, lorsque ça grimpe, semble plus à l'aise à marcher, vélo à la main, que sur une selle - mais qui montre un courage épatant - on rappelle la carotte. La glace à la fraise. Histoire de lui faire oublier qu'elle n'a plus de mollets.
 
On approche! Si le ciel s'est assombri, pas question de revoir nos ambitions à la baisse: plage et glace à la fraise pour tout le monde!
 
Heureusement, elle n'a pas perdu ses esprits et, dans un accès de conscience, elle appelle une amie pour s'assurer des horaires de retour pour Nantes. En train. Ben oui, pas folles les guêpes, la virée pornicaise, sa côte, sa plage et sa glace à la fraise, d'accord, mais les cyclistes, elles rentrent en train.
 
Eh, eh, futées, que nous sommes (yoda, sors de ce corps).
 
Après encore deux, trois côtes qui m'interrogent sérieusement sur le potentiel alpesque de la Loire Atlantique, Flo rappelle son amie. Nous sommes à un quart d'heure de Pornic, tout au plus.
 
Le dernier train pour Nantes part dans quarante-cinq minutes. Ou sinon, demain matin.
 
En arrivant, on a juste eu le temps de prendre :
 
- notre billet de train
- la photo la plus pourrie jamais réalisée de Pornic
 
 
 
 
 
- la pose
 
 
- Et, quand même, de boire un verre en terrasse. En levant les yeux, j'ai aperçu, au loin, un glacier. "Rêve de glaces", que ça s'appelait.
 
La loose.
 
Je soupçonne mon maillot de bain et ma serviette de plage de s'être drôlement marré, bien au chaud dans mon sac à dos, tiens.

1 commentaire:

  1. Je ne devrais pas rire, je sais, je sais, désolée !
    Bravo La Mouette en tout cas, et la prochaine fois vous partirez à potron minet :-)

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