mardi 11 mars 2014

Ma semaine avec Jésus (part faïve)

Dernier épisode de cette mini-série, la part faïve n'a pas été la moins animée.
 
Samedi matin, avec encore quinze grammes de rosé pamplemousse qui squattaient mon sang empoisonné, j'ai suivi Jésus vers la station de vélo. Ah oui, comment on fait, déjà?
 
En même temps, il était 10h30 du matin, sous un soleil inespéré, j'ai senti que je devais sortir de cet état larvesque - d'autant qu'on n'a trouvé aucune trace de pilou sur moi depuis, ouh la la, une bonne semaine, autant continuer sur la lancée.
 
Nous voilà donc partis pour le marché des Capucins, et si je n'étais pas sûre de me prendre un trottoir/une vieille dame/un bus/un mendiant, j'aurais pu faire le trajet les yeux fermés. Mais que voulez-vous, quand on a la polio, on finit par devenir prudent.
 
Direction un cours d'œnologie, un peu particulier, puisqu'il consiste à faire un tour guidé du marché, de son quartier, de goûter vins & plats, j'en tremble d'angoisse d'avance (eh eh eh, j'ai du mal à contenir ma joie, en vrai, ravie de soigner le mal par le mal).
 
Jésus, jamais le dernier quand il s'agit de gourmandise.
 
 
Et c'est comme ça que tu remplis ton bide de sangria, boulette de morue, huîtres, fromage et vin blanc alors qu'il n'est pas midi. Mes capitons en tremblent à leur tour d'angoisse (ou est-ce de bonheur, de sentir qu'ils vont bientôt avoir du renfort?)
 
Bon, le plus dur, cela a quand même été le retour à la cave, où nous nous sommes attablés longtemps, très longtemps (42 minutes, pour être exact, selon Jésus, plus précis qu'une horloge suisse) devant des plateaux à tomber, sans pouvoir y toucher. Y'en a bien une qu'a essayé (et pour une fois, ce n'était pas moi) mais elle s'est fait littéralement taper sur les doigts. Au bout de 42 minutes d'explications - où nous avons appris un tas de choses que j'aurais aimé retenir pour me la péter, la prochaine fois que j'aurais un verre à la main - nous avons pu goûter ces alliances.
 
Le plus dur, c'est de ravaler sa bave.
 
 
Seul hic, l'heure passait et j'avais un cours de macarons qui m'attendait! On en touche deux mots au monsieur-qui-parlait-beaucoup et le terme "macaron" ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Aussitôt, l'une des participantes du cours saute sur l'occasion, elle qui n'aime pas le vin (!). J'essaie de la rameuter vers l'atelier, son mari la rappelle à l'ordre et de toute façon, je ne cerne plus grand-chose, j'ai deux verres dans le nez, que je me suis bien gardé de vider dans le crachoir. Alors, les détails...
 
Bon, je me fais une raison, je n'assisterai pas à la fin de ce cours. Je salue rapidement tous les participants, Jésus et le monsieur-qui-parlait-beaucoup et je file vers la station de vélo.
 
Et là, le drame. J'ai perdu mes jambes.
 
Sérieux. Je me sens comme une cul de jatte qui tenterait de faire marcher le bas de son corps. Je crois que mes capitons, lassés d'être ainsi abreuvés, ont lâché du lest et fait passer un peu (doux euphémisme) de toxine dans mes mollets. Si j'étais un peu plus souple, sûre que je sentirais le parfum du rosé pamplemousse rien qu'en me baissant.
 
Bon, c'est pas tout ça, y'a le cours de macarons qui m'attend. Allez, ni une, ni deux, je fais un sort à mon état d'ébriété, pire encore que le larvesque (le fait que je rigole béatement toute seule dans la rue n'est pas pour arranger mon cas. Je comprends d'un coup l'intérêt de garder du pilou sur soi, on n'est moins tenté de sortir, et donc de se ridiculiser). Je prends un vélo.
 
Crevé.
 
Ouh la la, ça va être compliqué, là.
 
Je prends un deuxième vélo. La machine, véritable inquisitrice, me demande pourquoi j'ai changé de vélo.
 
Réponse a/ je suis tellement guillerette que j'avais envie, juste histoire d'être encore plus en retard au cours;
 
Réponse b/j'ai envie d'appeler direct la maintenance pour un contrôle général des vélos bordelais
 
Mais je me résous à répondre: "vélo impraticable".
 
C'est ça, impraticable. Comme l'état des routes de mon sang, complètement débordées par l'afflux de vin.
 
Allez, je prends un deuxième vélo.
 
Il n'a plus de vitesse.
 
Il n'a plus de vitesse. C'est pas une blague, au début, je crois que ce sont mes jambes de cul de jatte qui me font pédaler dans la semoule. Mais en fait, je pédale vraiment dans la semoule à cause de ces foutues vitesses qui se sont fait la malle.
 
Bon, pas le temps de prendre un troisième vélo, je fonce et j'ignore les regards intrigués des passants qui me voient mouliner dans le vide.
 
J'arrive à l'atelier, me voilà prête à jeter le vélo là, comme ça, quand je me souviens que, pour ce vélo sans vitesse qui vient de me tuer les jambes et décrédibiliser l'efficacité de mon déodorant, j'ai laissé une caution de 200 euros.
 
Je le reprends et vais le poser sagement à la station. Avec une envie forte de lui donner un grand coup de lattes, mais en général, c'est toujours la machine qui gagne, rarement l'humain, qui plus est embrumé.
 
Et c'est comme ça que j'ai débarqué au cours de macaron...
 
Tiens, finalement, il y a une suite à cette mini-série.
 
A suivre...

1 commentaire:

  1. Est-ce pour cela qu'on dit "pédaler dans la semoule" ? ^^ Le rosé pamplemousse et ses douces traîtrises. Tu me donnes bien envie de tenter l'expérience avec toi sachant que pour moi une cuisine est un "Rendez-vous en terre inconnue".

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