jeudi 27 février 2014

Quand Jésus dit banco, je dis bingo

Je sens la pression monter. La semaine prochaine, il va falloir que je range ma polio des mains, que je demande à Gaston Lagaffe de quitter mon corps (m'enfin!) et que j'ouvre grand mes yeux.
 
La semaine prochaine, je rencontre Jésus. Pour de vrai.
 
Jésus, c'est un chef que j'ai connu... sur la toile, tout simplement. On a échangé, il m'a encouragée, j'ai été admirative de ce qu'il était en train de créer... A l'époque, j'avais rédigé un petit papier pour présenter Cuisin'Ateliers. Je ne savais pas, alors, le chemin qu'il parcourrait.
 
Jésus, il a bien sa formation initiale pour exercer derrière les fourneaux, ce qu'il a fait quinze ans durant, mais il n'a rien d'un cuisinier à poches. Jésus, c'est un créatif, un curieux, une personne qui a choisi de se dessiner un destin où il côtoierait des mondes différents, sans complexe mais toujours avec cœur.
 
Au fil du temps, j'ai continué de suivre son actu sur face de bouc et je le voyais, un jour à animer un atelier dans une grande enseigne, le lendemain passer derrière le micro de Radio France Bordeaux Gironde pour une chronique culinaire! Un touche-à-tout, oui, qui a bien compris la nécessité de faire parler de soi, dans un monde si concurrentiel, pour que survive sa petite entreprise...
 
Lors de mon retour de St-Nazaire, l'autre jour, je pensais à lui. Je me disais que j'adorerais le voir travailler, au sein de son atelier de cuisine qu'il a créé à Bordeaux. Deux jours plus tard, Jésus me laisse un message sur la page Facebook du blog. Bingo, si ça, c'est pas un signe du destin! Allez, j'ose l'incruste en évoquant un stage et le chef dit banco... du moment que je ne casse rien (j'ai une pensée pour la plaque vitrocéramique de Café Clochette, d'un coup).
 
Je pars donc dimanche à Bordeaux, pour un "vis ma vie de cuistot-gérant d'atelier cuisine-chroniqueur radio"! Vous dire que j'ai hâte serait un doux euphémisme...

mardi 25 février 2014

Où ça mijote dans ma caboche

 
Non, non, je ne me suis pas teint les cheveux. Si les plus observateurs d'entre vous reconnaîtront le tablier de mes années pleines d'espoir (otarillette, ça te rappelle quelque chose?), ce n'est pas moi, mais ma nièce, 11 ans, qui a mis la main à la pâte, ce matin, pour nous régaler d'une succulente tarte aux légumes.
 
Entre-temps, je lui avais demandé d'émincer le persil, de couper les champignons, de ratiboiser l'oignon et l'échalote... Comment ça, elle avait les yeux qui piquent à cause de moi ?
 
Que voulez-vous, y'a pas d'âge pour exploiter les enfants.
 
En plus, ma nièce, adorable (en toute objectivité, bien sûr), en avait redemandé. Hier, nous nous étions déjà lancées dans un atelier pâtisserie, avec petits sablés noisette-orange et rochers coco. Une façon de partager un moment toutes les deux, de réfléchir, de mon côté, à la façon dont on peut apprendre aux enfants les gestes de la cuisine, ou tout du moins les bases.
 
Avec ma toque -12, c'est une gageure, d'accord, mais en même temps, elle avait déjà quelques acquis.
 
"Première chose à faire quand on cuisine?
 
- On se lave les mains!"
 
Et un bon point pour elle.
 
Le soir, une fois les enfants couchés (Loulou était rentré dans l'intervalle, retrouvant sa cousine chérie), et parce qu'il était trop tard pour démarrer un film, j'ai joué la carte cocooning, profitant également de mon statut actuel de célibataire (monsieur est en voyage d'affaires, toussa). J'allume la télé, je zappe et je tombe sur Top Chef.
 
Croyez-le ou non, mais je n'avais jamais vu ce programme. J'en avais entendu parler, oh oui, et je crois bien, même, que ce genre d'émissions dessert la cause de gens comme moi, passionnés de cuisine et qui rêvent depuis très longtemps de passer derrière les fourneaux.
 
L'autre jour, par exemple, je suis tombée au téléphone sur madame pasaimablemaisalorspasdutout. Alors que je lui expliquais l'objet de mon appel (suivre une formation en cuisine pour valider mon projet de reconversion), elle a rétorqué:
 
"Non, mais j'en déjà une comme vous qui m'a appelée hier, laissez tomber."
 
Et en raccrochant, pleine de mansuétude, elle a conclu d'un très sec "Bon courage".
 
Depuis, j'ai revu mon discours et j'explique que non, ma passion de la cuisine n'est pas née en me curant le nez devant "un dîner presque parfait". Que ça fait un petit moment que, justement, ça mijote dans ma caboche.
 
Bref, tout ça pour dire que je n'avais jamais vu "Top chef" et que j'ai un peu halluciné. On m'avait déjà suggéré de participer à ce genre d'émission et j'ai toujours rejeté l'idée en bloc parce que telle n'est pas ma conception de la cuisine (et que, soyons honnête, je ne maîtrise absolument pas un tas de gestes techniques et même la douille continue de me regarder de son air narquois, genre "tu ne m'auras pas, ah ah).
 
Moi, j'étais restée sur l'idée qu'ils concoctaient des plats de ouf en deux temps trois mouvements. Bon, ça, je l'ai vu un peu hier soir, malgré quelques ratages (quand l'espuma explose sur les fraises et fait ressembler le dessert à une scène de crime de Jack L'Eventreur ou de Dexter, tu es pris entre la gêne pour le cuistot et le rire méchant).
 
Mais y'a un truc qui m'a... dégoûtée, en fait. J'étais restée sur l'idée que la cuisine, l'hygiène, toussa, c'était fondamental. J'ai des souvenirs de passer le jet d'eau dans toute la cuisine du grand toqué une fois le service fini, quitte à transformer la salle en véritable crue de la Loire. Même du temps de Ma P'tite Madeleine, j'enfilais ma charlotte sur les cheveux (ce qui, en outre, donne une bonne excuse, pour justifier la coiffure-j'en-ai-marre-de-vivre) pour travailler dans ma cuisine perso.
 
J'ai bloqué, disais-je, découvrant en outre que les candidats en question étaient de vrais pros, dans la vie. Des gars avec des gilets à poche, des chefs sachants ou même un chef étoilé. Et eux, ils goûtent avec leurs doigts gras leur plat, et vas-y que j'y retourne, et que je m'essuie les mains en me grattant les cheveux... Alors, ce matin, quand j'ai découvert le statut de mon ami Jésus sur sa page face de bouc, j'ai respiré. En substance, il était aussi choqué de voir de supposés chefs travailler comme "des petits cochons", comme il les a justement baptisés. Non, je ne suis pas une psychopathe de la propreté, lui aussi les a bien identifiés, ces drôles de toqués crados!
 
Moi, j'ai envie de dire: merci Jésus, pour cette bonne parole (ok, elle est facile, j'ai encore bouffé un clown aujourd'hui, faut dire). Et entre les cours de cuisine et la confirmation qu'il reste encore des chefs dignes de ce nom, je peux déjà vous annoncer que l'on va bientôt entendre parler de nouveau de Jésus, ici...

dimanche 23 février 2014

Je pense à Ivanna


Copyright : Louloutte. Oui, on n'a pas une vie facile...
 
 
Hier après-midi, je devais rejoindre Louloutte (à ne pas confondre avec Loulou), à Nantes, dans un café-resto très agréable. Dans la volonté de s'offrir une petite parenthèse, on s'était laissé tenter, quelques jours plus tôt, par une séance découverte de réflexologie.
 
Un truc qui te détend, normalement.
 
Une demi-heure avant le début de la séance, j'appelais Louloutte pour la prévenir que je serais un peu en retard, puisque j'allais prendre le tram et que bon, bref, ça allait être compliqué d'être pile à l'heure. J'avais pris mes précautions, car on savait tous que la ville risquait d'être explosive, en ce samedi, avec la tenue de la manifestation anti-aéroport Notre Dame des Landes.
 
Et là, à l'autre bout du fil, plus personne, d'un coup. Puis Louloutte me raconte qu'elle venait d'entendre une explosion. Quelques minutes plus tard, le ciel était noir de fumée.
 
J'allais donc à Nantes pour me détendre, normalement. Je sais pas pourquoi, j'avais un doute, d'un coup.
 
Une fois à la gare, le conducteur du tram a indiqué qu'il s'agissait du terminus. Je devais donc finir le trajet à pied, et en sortant, je découvrais des scènes dignes d'une guerre civile. Des sirènes de pompiers, des véhicules qui arrivaient à vive allure, dévalant le boulevard de la gare dans une urgence effrayante, des piétons circulant sur la voie de tram désormais accessible, les écharpes ou les foulards sur le nez pour ne plus sentir cette odeur pestilentielle de caoutchouc brûlé. Au loin, des visions d'apocalypse, des incendies, de longues flammes léchant le ciel désormais noir.
 
J'ai fait comme tout le monde, j'ai marché. Et là, j'ai pensé à Ivanna.
 
Ivanna, c'est cette jeune femme ukrainienne que nous avons prise en covoiturage, il y a trois semaines. Du haut de ses 22 ans, elle en savait, des choses. De son accent très marqué, elle nous a raconté ce que vivait son pays, ce qu'enduraient ses proches. Elle a parlé de sa tante, qui avait fait construire, avec ses propres deniers, un hôtel de cinq étages, et qu'elle devait aujourd'hui reverser 90% de son chiffre d'affaires global à la mafia locale. Si elle avait refusé, elle aurait simplement tout perdu.
 
Ivanna nous racontait cela presque nonchalamment, sans cacher pour autant son inquiétude et son dégoût pour ce gouvernement qui pillait les Ukrainiens. Je lui ai demandé ce que devenait Timochenko, elle ne savait pas vraiment. Toujours en prison, oui, mais on n'en entendait plus trop parler.
 
Je suis arrivée à mon rendez-vous, aussi détendue qu'un string taille 36 sur les fesses d'un sumo, un rien bousculée par ces images qui s'entrechoquaient, là, devant moi, mais aussi celles que j'imaginais de l'Ukraine, de ces rues en flamme qu'on avait tous découvertes depuis quelques jours, sur nos écrans.
 
Au moment de rentrer dans le resto, j'ai cru que l'hélico de la gendarmerie, immobile dans le ciel depuis un bon moment, allait se faire percuter par... un avion. Ironie du sort : selon les détracteurs, les avions passent très bas dans le ciel nantais, parce que les partisans de l'aéroport Notre Dame des Landes imposent aux pilotes de survoler la ville. Et ce, pour conforter le besoin pressant d'une nouvelle infrastructure.
 
J'ai finalement goûté au bonheur de me faire bichonner les pieds, dans un étrange calme. Nous étions comme coupés du monde. Dehors, l'hélico restait immobile dans le ciel toujours noir et les casseurs s'amusaient à construire des barricades et à piller les pavés de la rue Kervégan. Ils ont détruit le centre-ville, sciemment. Dehors, à quelques milliers de kilomètres de là, Timochenko goûtait enfin à la liberté, diminuée, pleine de gratitude pour ce peuple décimé qui avait choisi de se battre.
 
J'ai pensé à Ivanna. Je me suis demandée ce qu'elle ressentait, à cet instant. J'ai pensé à ma culpabilité, de m'offrir du bon temps pendant que la révolte grondait partout ailleurs.
 
On se sent si petit, parfois.
 
 

vendredi 21 février 2014

Comment je ne rentre plus dans la tenue de Wonderwoman

Ce matin, je devais amener Loulou plus tôt à l'école, du fait d'un rendez-vous.
 
Dit comme ça, ça a l'air tout simple, mais pour moi, ça relevait du défi. Ça voulait dire se lever comme d'habitude, mais en y ajoutant une étape, cruciale: s'occuper de soi.
 
Ooooouuuuuhhhh... Respirer, souffler, ça va bien se passer.
 
Ça voulait surtout dire avancer l'heure du réveil parce que, décemment, prendre trois minutes et demi pour tout faire, ça relevait de la mission impossible.
 
Ooooouuuuuhhhh... Respirer, souffler, ça va bien se passer.
 
Finalement, j'ai oublié que j'étais une loque pour me mettre dans la peau d'une personne qui bosserait et qui trouverait ça drôlement chouette.
 
Ou qui trouverait normal de faire ce que font tous les gens le matin. Se lever et faire les choses.
 
Ressembler à une personne humaine.
 
Je me suis donc habillée. Mais pour de vrai, je veux dire, avec la robe, les bottes et j'étais même presque coiffée. Presque, j'ai dit, faut pas non plus pousser mémé dans les orties.
 
Bon, pour mon petit déj, soyons clair: j'ai dû faire l'impasse. Paris ne s'est pas fait en un jour, on est d'accord.
 
Mais en sortant de la maison, je me sentais comme une femme d'affaires qu'on voyait dans les années 80, la femme forte qui s'assume (respect, d'ailleurs, parce que s'assumer avec la coupe de cheveux et les épaulettes qu'elles portaient, ces tailleurs-women, fallait vraiment qu'elles soient fortes) (mais je m'égare).
 
Il ne manquait plus que la petite musique (ringarde) pour me conforter dans l'idée que j'étais devenue une totale winneuse.
 
Alors que Loulou sortait de la voiture, je lui signale, très fière : "t'as-vu-mon-Loulou-je-me-suis-bien-habillée-ce-matin".
 
Dans une rue déserte et devant l'école encore fermée, il m'a regardée, cinglant:
 
"Ouais, mais ça sert à rien, y'a personne!"
 
...
 
J'aurais pu me décourager mais je vais résister à l'appel du pilou. Certes, je ne suis pas encore tout à fait au point mais je dois vous faire une confession: je ne suis pas une grosse feignéasse qui se lève à l'arrache (quoique) pour partir à l'école.
 
Mais non, les enfants, c'est que j'ai un métier dès le lever, si si.
 
Ou plutôt, un rôle à tenir. Le matin, l'esprit de Bree Van de Kamp s'empare de mon corps tout mou. Je prépare le petit déj de ces messieurs, la tambouille de l'homme pour le midi, le tout en donnant les croquettes aux félins de la maison et en rangeant la cuisine/le salon/je serais une pièce de la maison, je ferais pas ma maligne.
 
Une vraie femme d'intérieur. Ah ah. Mais qui, pour s'émanciper, retourne aux... fourneaux. Après avoir dévalisé tous les magasins bio et épiceries de la ville, je passe maintenant mes journées dans la cuisine à transformer tout ce qui me tombe sous la main, pour valider des recettes.
 
Et le truc, c'est que j'adore ça. Ça peut peut-être sembler bizarre pour les plus féministes, mais les mots me manquent pour décrire ce que je ressens lorsque je mitonne. Une sorte de lâcher-prise, concentrée dans ma tâche et papillonnant entre dix mille recettes, me lançant dans la cuisson de nouvelles tueries parce que le four est chaud, ce serait quand même dommage...
 
Alors, c'est vrai, je ne suis pas superwoman. J'ai eu beau tourner sur moi-même en chantant l'air éponyme, je n'ai pas encore trouvé la recette magique pour être propre/habillée/maquillée, avoir préparé la table et sortir les scones du four. Sans doute qu'il me manque le short moulant et le bustier kitsch de la dame. En attendant, à la maison, y'a des gens qui mangent ça le matin:
 
 
 
 
Un carrot cake qui déchire (même source, merci Madame la blogueuse, et respect). Et le midi ou l'après-midi, ils peuvent faire leur pause avec ça :
 
 
Un brownie qu'il est miam miam. Ou encore avec ça :
 
Des financiers qui me donnent envie de déposer un cierge à Bernard.
 
Et je fais pas ma crâneuse, je n'ai rien inventé, je n'ai fait que suivre les (excellentes) recettes. On est d'accord: si je commence à mettre moi aussi la main dessus, il y a peu de chances que je rentre dans la tenue de Superwoman.
 
En attendant, Loulou, l'enfant-qui-avait-honte-de-sa-Zézette-de-mère, il est bien content de jouer les cobayes en testant ces recettes. Eh oui, parce qu'en fait, tout ça, c'est juste pour le boulot.
 
Comment ça, je suis pas crédible?
 
D'façon, superwoman, c'est dépassé. So '70, non?
 
Et, me connaissant, je serais capable de me dézinguer le genou en voulant tourner sur moi-même. Que voulez-vous, le pilou, ça glisse.
 
 
 
 

jeudi 20 février 2014

De l'effet pervers du pilou sur la dignité humaine

Je soupçonne l'homme d'avoir voulu me concurrencer ce matin. Il avait enfilé des chaussures de randonnée sur son costard.
 
Le petit joueur.
 
Quand on a en face de soi Zézette, on ne peut pas lutter.
 
...
 
Attention, toute notion de glamour est exclue. C'est à cet instant que mes pieds carrés vont me faire perdre toute crédibilité.
 
J'ai hésité, en vrai, à afficher cette photo qui me fait des pieds d'éléphant (le doute m'assaille. Un pachyderme aurait-il pris possession de mon corps l'air de rien?) (On ne parle pas assez de l'effet pervers du pilou sur la dignité humaine). Mais allez, ça fait du bien de rire, parfois.
 
...
 
 
Attention, ça pique les yeux. Je vous aurais prévenus.
 
 
 
Qu'est-ce que je disais, déjà, sur le laisser-aller?
 
 
 

mercredi 19 février 2014

La zézette touch n'est pas souhaitable dans un monde actif

Ce matin, j'ai voulu m'arrêter acheter des sous (c'est ce qu'on fait quand on veut du cash, selon Loulou) et je me gare devant la banque. Et là, un doute, peut-être un rien renforcé par la présence de ma conseillère fumant sa cigarette devant l'agence.
 
Euh, je peux pas sortir comme ça, en fait. La Zézette touch, c'est drôle dans le Père Noël est une ordure, pas dans la real life. Enfin si, mais j'ai pas envie de déclencher un fou rire général dans ma commune, je veux bien faire clown, mais dans le cercle privé, merci.
 
Déjà que la conseillère en question m'a dit la semaine passée qu'elle ne m'avait pas reconnue, lorgnant sur ma frange playmobil... Elle s'est même improvisée styliste. "Oh, mais vous savez, ils font des bandeaux et des barrettes très bien, maintenant"... pour cacher la misère, oui, je sais.
 
Il y a deux jours, alors que l'on partait pour l'école, Loulou m'a fixée d'un air mi-dégoûté, mi-perplexe, dans le couloir, en me demandant de ne surtout, surtout pas sortir de la voiture.
 
Le pire, c'est que je ne pouvais même pas lui en vouloir.
 
J'étais donc là, en doudoune verte et pantalon de jogging, réhaussé de ce désormais fameux combo pilou-ballerines, à m'interroger sur l'utilisé de sortir, là, pour acheter des sous. Alors que je pouvais aller me cacher dans une grotte.
 
En proie à ce doute décidément trop oppressant, j'ai fait genre, je me suis juste garée pour vérifier un truc (que mes chaussettes en pilou ne sont absolument pas assorties avec mes ballerines? C'est une bonne hypothèse) et j'ai redémarré. L'air de rien, toujours digne.
 
Va vraiment falloir que je fasse comme si j'étais adaptée au monde réel. Une histoire d'image et de crédibilité, toussa.

vendredi 14 février 2014

La tentation de la guimauve

 
Je vous avais déjà exposé, voilà trois ans déjà, mon amour immodéré pour cette fête de Cupidon, rappelant qu'elle avait déclenché chez mon pauv' Valentin d'alors une séance de vomito.
 
Je sais, j'ai toujours le chic pour faire rêver les foules.
 
Je ne vous avais pas raconté, en revanche (ou alors mon moteur de recherche défaille, au moins autant que ma mémoire) la surprise que m'avait réservée... mon père (et après, on se demande pourquoi j'ai prolongé mon Œdipe).
 
Mon papa, qui avait choisi une rose pour ma maman en cette Saint-Valentin, en avait pris une deuxième. Au regard grivois de la fleuriste qui imaginait déjà la double vie supposée de mon pôpa, ce dernier avait répondu que non, il n'avait pas de maîtresse, mais une fille, célibataire.
 
L'argument imparable.
 
Ça se trouve, la fleuriste, prise de pitié, lui en a même fait cadeau.
 
Ce qu'il ne savait pas, mon papa, c'est que j'avais déjà reçu une autre rose, ce jour-là, d'un Valentin caché, si si, comme dans les films. Bon, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais la discrétion s'imposait. Pas sûre que mon pôpa aurait validé ce Valentin-là...
 
Ce que je ne savais pas, moi-même, c'est que mon Valentin, le vrai, cette fois (comme dans les contes de fée, ah ah ah), allait débarquer dans ma vie deux mois plus tard.
 
Ce que je ne savais pas, non plus, c'est que trois ans après, je lui glisserai ce modeste présent ce matin, avec toujours, quand même, cette difficulté à assumer le côté nunuche, les p'tits cœurs et toussa.
 
J'espère qu'il ne va pas vomir, avec toute cette guimauve.

jeudi 13 février 2014

Repose en paix, Djamel

"Mais alors, ici, c'est la maison qui rend fou!"

Rassurez-vous, je ne vais pas démarrer tous mes posts par une citation, d'autant que, après Laurent Gounelle, la portée philosophique de celle-ci n'est pas franchement du high level, venue de la bouche de mon Loulou, qui l'a lui même repiquée... du film Astérix.

On a les références qu'on peut, hein.

Il n'empêche. Il était secoué, ce soir, Loulou.

Il faisait nuit. Nous étions passés déposer un courrier à l'agence de Pôle Emploi dont je dépends. Alors que j'allais vers la boîte aux lettres, je remarquais quelque chose, scotché à la pancarte de Pôpole.

Des roses. Des roses soigneusement enveloppées et sur le plastique, un premier mot, manuscrit:
" Pour toi Djamel qu'on n'oublie pas, qui nous a quittés le 13 février 2013."
En dessous, le mot demandait qu'on n'abîme pas les fleurs.

Puis, en dessous, d'autres roses et une affiche, avec des mots simples, cette fois écrits en capitales et à l'ordinateur :

"Ne pas oublier que tu es parti dû à un trop perçu le 13 février 2013. Repose en paix, Djamel."

Et là, flash-back. Djamel, c'est cet homme qui s'est immolé voilà donc un an, déjà, dans un geste désespéré, devant cette agence. Devant ces roses, je suis restée bouche bée, mais Loulou a insisté. J'ai dû lui expliquer, alors, ce qui s'était passé, le 13 février 2013. Il n'en revenait pas. Cet homme était-il fou pour s'infliger pareil supplice?
 
Pas besoin. Appeler le 3949 pour s'entendre dire qu'il faut aller à l'agence et une fois à l'agence, s'entendre dire qu'il faut appeler le 3949, il y a de quoi tourner bourrique, non? Alors, bosser comme un fou et se voir refuser son dossier, je comprends que ça déstabilise en profondeur, jusqu'à envisager le pire. Et passer à l'acte.

"Mais alors, ici, c'est la maison qui rend fou" en a donc déduit Loulou.
 
Finalement, Loulou avait raison. Et moi aussi, mine de rien, j'ai été secouée.

mardi 11 février 2014

Du citron pour chasser l'amertume...*

 
"L'homme se complait dans le laisser-aller mais s'épanouit dans l'exigence de soi". C'est à peu près tout ce que j'avais retenu de la lecture de "l'homme qui voulait être heureux", de Laurent Gounelle, mais cette phrase-là continue de résonner en moi. Elle est tellement juste et témoigne si bien de ce délicat équilibre à trouver entre la recherche du bonheur immédiat et la quête d'un absolu qui nous rend si grand (et, parfois, si insatisfait, revers de la médaille) que je la partage volontiers.
 
Par exemple, le matin, quand je traîne au lit alors qu'on est à cinq minutes du départ pour l'école, j'ai souvent enfilé un pull et un jean (voire, pire, un magnifique yogging, yummy...) à la va-vite, au dessus de ma nuisette, ces derniers temps. Plus les chaussettes blanches et les ballerines, ou le condensé de tous les faux-pas même pas fashion. Résultat: une maman dotée d'une coupe-j'en-ai-marre-de-vivre, mais surtout d'une allure zézette-n'a-peur-de-rien et qui fait honte à Loulou, 10 ans.
 
"Euh, m'man, tu peux... ne pas sortir de la voiture?"
 
J'aimerais autant, en fait, moi aussi. Une histoire de dignité humaine, toussa.
 
Le laisser-aller, c'est bien plus que cela. Et si cela peut sembler cosy de faire sa larve au chaud pendant qu'il pleut des cordes dehors, la position n'est pas longtemps confortable. Alors, l'exigence de moi-même, ce matin, c'était de m'habiller, en vrai (et même en fille, encore! Décidément) même si j'y vais par étape (vive les bonnets, pour cacher la misère...), Paris ne s'est pas fait en un jour, on est d'accord.
 
Le laisser-aller, cela aurait été de me coller sur le canapé à procrastiner, au retour. Comme j'étais quand même un peu tentée de le faire, encouragée par la météo horrible, mais aussi par les boules de poil qui m'entourent et qui passent leur temps à roupiller, j'ai surfé en quête de nouvelles recettes.
 
Ou comment baver derrière l'écran et avoir envie de magret de canard à la mangue ou de macarons pistache-framboise à 10 heures du matin.
 
Le laisser-aller, cela aurait été de bouloter. Mon mini-challenge du jour a donc été de me bouger la couenne, plutôt, pour réaliser cette tuerie dégotée chez Bernard. Le cake au citron ultime, rien que ça. Du genre avec le goût prononcé de reviens-y. Moi, je dis, merci Béber (je sais, ça ne se fait pas, tant de familiarité, mais entre gourmands...), mes deux hommes ont apprécié de jouer les cobayes, ce soir...
 
Je n'ai pas boudé mon plaisir, d'ailleurs, même si je suis restée un peu... sur ma faim, aujourd'hui. Oui, bien sûr, je peux prendre le temps de vivre et j'ai apprivoisé cette lenteur nouvelle qui s'est imposée à moi, ces derniers mois, afin de calmer le jeu, retrouver un sens à ma petite existence.
 
Mais je dois l'admettre : au fond, je me sens un peu démunie, lorsque les journées ne sont pas rythmées de rendez-vous et je ressens le besoin de faire quelque chose, non pas juste pour combler le vide, mais surtout pour... être, tout simplement. Etre dans la vie, exister, réaliser et partager.
 
Forcément, la découverte d'une recette-qui-tue-sa-mère et sa validation pour cet après que j'espère tant, cela peut vous sembler peanuts, surtout quand vous, vous avez un métier, des heures à respecter, des missions à remplir. Mais je vous assure que lorsqu'on rencontre peu de gens avec des vrais morceaux d'humain dedans, de toute la journée, c'est à son échelle, si petite soit-elle, qu'on va puiser pour viser l'exigence de soi.
 
* Le genre de titre à la noix, qui suppose que je suis à deux doigts d'appuyer sur la détente, alors que pas du tout! Faites le cake au citron et vous comprendrez...

lundi 10 février 2014

La popotte du playmobil

Mon balai tout puissant dans le dos, ma coupe de footeux des années 80 et moi (un jour, faudra que je vous raconte combien c'est pesant, de se trimbaler avec tout ça), on s'est habillé en fille, aujourd'hui, pour le deuxième rendez-vous de reclassement.
 
Pourquoi en fille, je n'en sais rien. Je n'avais personne à séduire, aucun cobaye physiquement intelligent, aucun conseiller sceptique. Disons qu'à l'approche de la quarantaine, j'ai envie de la jouer un peu girly (Barbie, sors de ce corps). Le fait que mes chats aient saccagé tous mes jeans de leurs coups de griffe enjoués y est peut-être, aussi, pour quelque chose. Bref.
 
Personne à séduire, mais une personne à convaincre.
 
Figurez-vous que je suis inscrite dans un parcours de sécurisation professionnelle, c'est comme ça qu'ils appellent ça, chez Po-Pôle. Sécurisation professionnelle, un concept un peu, comment dire, surréaliste de nos jours, que les têtes bien allumées de certains technocrates ont imaginé, sans doute, après s'être enfilé dix shoots de vodka, pour oublier toutes ces immolations et autres TS qui encombrent leur quotidien.
 
Evidemment, le concept est séduisant (pépettes et suivi) mais on vous prévient: on ne va pas vous lâcher d'une semelle. Au bout d'un an, hop hop hop, vous avez un nouveau boulot SE-CU-RI-SE. Ca tombe sous le sens. Au début, comme je traînais, en plus de mon balai dans le dos (mais avant la coupe de cheveux playmobil, j'ai pas tout cumulé non plus), une bonne petite dépression, je me suis dit "Ouhlala, fautpaspoussermamiedanslesorties!" Comprenez: foutez-moi la paix, je suis bonne à rien, même pas à glander (à cause du balai dans le dos, qui oblige des mouvements du corps réguliers, au risque, sinon, de mourir de faim et de soif - ben oui, allez bouger, vous, quand votre corps est tout ankylosé) (mais je m'éloigne, je m'éloigne).
 
Je pensais donc jouer ma bluffeuse de base, genre le parasite qui prend les allocs et le temps d'humer l'air et de brasser du vent, quand j'ai été prise à mon propre piège: en fait, j'avais envie de bouger mes petits doigts ankylosés, qui me criaient "allez, pétrie, malaxe, bouge-nous, fais-nous en voir de toutes les couleurs".
 
Si, si, je vous assure, avec des petits cris perçants.
 
Il est à peine 19 heures, je vous assure que je n'ai pris aucun shoot de vodka.
 
Un doute m'assaille: peut-être devrais-je?
 
...
 
Je m'éloigne, je m'éloigne.
 
Donc, c'est comme ça que nous trépignions cet après-midi, mon balai dans le dos et moi, dans le couloir, non plus de la mort (en tout cas, celui qui m'a précédée en semblait proche, tête baissée et mine désabusée), mais celui de l'espoir. Car j'attendais de ma "conseillère" qu'elle valide mes projets, qu'ils ne soient plus juste une lubie mais bien une réalité.
 
Bon, si tout va bien, je vais aller observer un chef dont je vous ai déjà parlé (mais ne vendons pas la peau de l'ours avant...) et, tadatada, roulement de tambour, suivre cette formation qui me manque pour aller la ramener en popotte.
 
"Enfin, vous savez qu'avant de monter votre entreprise, vous devrez peut-être en passer par un poste en cuisine", m'a prévenue la conseillère.
 
Oh oui, je le sais. Mais j'ai appris à être patiente. Je reste stoïque. D'ailleurs, petite parenthèse, j'ai fait un stage accéléré ces derniers jours dans le stoïcisme. Car, oui, je ne vous ai pas dit : pour récupérer une coupe plus, comment dire, supportable, je suis retournée chez le coiffeur. J'en suis ressortie avec... la fameuse coupe playmobil.
 
En gros, je voulais ressembler (ah ah) à Jennifer Aniston, j'ai eu Mireille Mathieu.
 
Le rapport avec le stoïcisme? Imaginez la tête de mon loulou, hilare, lorsqu'il m'a vue le soir. Limite s'il n'a pas ressorti ses Playmobil pour comparer... et se prendre une bonne tranche de rigolade.
 
Mon loulou est joueur. Même la menace d'une soupe au potiron, qu'il déteste, ne l'a pas intimidé. Il a continué à rire. Pfff.
 
Bref, s'il faut attendre que mes cheveux aient repoussé jusqu'à me redonner une allure normale, eh bien, qu'importe! Je ne suis plus à ça près. Tant que je ne sens pas l'ankylose m'envahir...

samedi 8 février 2014

Mon macaron, les ouvreurs de sacs et moi


Lorsque je parlais de mon macaron rose, je pensais bel et bien à mon gros pavé, le business plan de ma p'tite Dînette, que j'avais rangé depuis un moment - mais conservé, quand même. Ces macarons que vous voyez là sont ceux que nous avons faits avec Loulou et une amie, cette semaine, alors que l'éducation nationale confirmait son peu de moyens (Loulou a eu deux jours et demi d'école cette semaine, sur cinq, faute de remplacement non assuré.) (Bref).

Quoique peu académiques dans leur présentation, ces anti-Ladurée n'ont fait qu'un bref séjour dans leur boîte, le temps d'être engloutis. Pourquoi je vous en parle? Peut-être parce que ça fait un peu de couleur sur le blog... En fait, depuis quelques jours, j'ai vraiment l'impression de tout chambouler. J'avais tout rangé, business plan, prévi, livres de cuisine, mis en carton les classeurs de recettes, triées par thèmes, origines, sucrées, salées, chocolatées ou fruitées... (oui, j'avais un rien viré psychopathe. Ou juste obsessionnelle? J'ai passé des jours à découper, ranger, mettre sous plastique. Faut croire que j'étais une no-life qui s'ignorait).

Quelques bouquins avaient bien survécu et demeuraient dans la bibliothèque du salon, voire dans la cuisine, les pages encore pleines de pate séchée ou de traces multiples et variées. Mais globalement, si je continuais de cuisiner, je ne le faisais plus que pour le cercle fermé. Avec délectation, toujours, mais sans plus d'ambition.

Les échanges téléphoniques, les rencontres, les recherches sur la toile ont ravivé la flamme et me voilà à jouer les éclaireurs dans le garage pour tenter de retrouver de précieux manuels. Mon projet s'affine et je passe des heures devant les articles de cuisine que je dois racheter et surtout les recettes que je prévois de tester. Sincèrement, c'est le pied. Dans ce monde d'ouvreurs de sacs, pour qui les desserts représentent une corvée, ne pourrais-je pas devenir la petite souris qui, discrètement, ira déposer les pâtisseries en cuisine, avant de repartir livrer les autres clients?

Oui, vous l'avez compris, j'ai envie de reprendre "ma p'tite madeleine", comme du temps bienheureux où j'allais livrer ma boss/cliente adorée en la développant et l'élargissant à deux-trois autres services... Avant cela, il me faut obtenir la formation que je vise et aller m'aventurer dans quelques cuisines, auprès de "vrais" toqués. Je laisserai enfin de côté mon statut de toque -12 qui m'a valu tant de sourires en coin et de regards mi- amusés, mi- apitoyés.

La mouette cuisine n'a jamais aussi bien porté son nom et cette fois, pas question de bricolage.

... Ouh la la, je deviendrai pas un peu trop sérieuse, là?

jeudi 6 février 2014

A la va qui vive

Au début, quand j'ai arrêté de bosser, j'ai bossé comme une folle. Je sais, c'est pas logique, mais qui a dit que je l'étais?

Je m'étais installée bien fermement sur la stable (ah ah) terre de la vie active, avec des vrais collègues, des tickets restau, des repas avalés en une heure top chrono dans la cuisine de la boîte - temps de pause téléphonique et belote inclus. Une vie active, où le premier du mois n'est plus nouvelle source d'angoisse mais réjouissance d'un compte qui repasse positif.

A quel moment ai-je perdu pied? Et d'ailleurs, pourquoi cette impression d'avoir perdu pied ? Est-ce la peinture turquoise de la cuisine, qu'Albert avait choisie pour égayer ce haut lieu de détente, où nous remettions un peu d'humanité dans nos journées si bizarres? Est-ce justement le fait d'avoir viré nos principaux joueurs de belote ? A la fin, on aurait simplement pu envisager un solitaire, tant l'écrémage a été sévère.

Peut-être n'étais-je pas préparée. Peut-être étais-je restée calée sur un petit nuage, celui qui croise plein d'orages mais qui fait quand même tranquillement sa route. Peut-être aussi, plus prosaïquement, suis-je tombée sur un drôle de zozo qui a fini par voir sa boîte couler.

Licenciement économique. Je sais que je vais choquer, mais lorsque j'ai reçu la lettre du mandataire judiciaire m'annonçant la liquidation judiciaire de la boîte, j'ai explosé de joie. Je crois d'ailleurs que le sol a tremblé sous le poids de mon corps, après ce saut que j'ai osé dans le salon - et je m'en excuse platement auprès du carrelage.

Je vais choquer, oui, en ces temps de crise aigüe où j'ai pu changer l'intitulé de mon blog et enlever, non sans délectation, le "ex" devant chômeuse. Je crois que j'ai toujours envisagé comme un défi de m'en sortir sans rentrer dans les cases, d'être heureuse - ou essayer de l'être - sans CDI. Alors, là, d'un coup, le challenge pouvait reprendre.

Pourtant, comme je vous le disais, au début, quand j'ai arrêté de bosser, j'ai bossé comme une folle. Même plus le temps d'aller courir ou de passer à la pharmacie, pas une minute pour aller faire du shopping ou bouquiner tranquillement. J'ai repris de plus belle mes chères missions, je me suis même retrouvée dans l'hémicycle de la Région pour savourer des débats croustillants et voir se déchirer plus que jamais droite et gauche. J'ai tapé, tapé, tapé... Sans doute pour ne pas avoir à me taper la tête pour savoir ce que j'allais devenir.

J'avais tenté la cuisine pour revenir à l'écriture. Bon, le manuscrit de Poney a finalement été publié - même si ma nièce a été très déçue que je ne le signe pas, "sacrifice" du nègre que j'étais devenue. J'ai même versé un temps dans le journalisme, avec un retour de sensations que je n'imaginais même pas, surtout dans la presse professionnelle. Ce nouveau départ sonne un peu le glas de ma "carrière" chez les scribouillards. J'ai repensé avec nostalgie qu'avant de décrocher ce CDI providentiel, j'en étais rendue à remplir des bilans et tests psychologiques dans une asso dédiée aux personnes "éloignées de l'emploi". Ah ah.

Etais-je donc de nouveau si éloignée de l'emploi? Alors, pour taire les angoisses (et, accessoirement, gagner des pépettes), j'ai tapé, tapé, tapé, disais-je, jusqu'à devoir mettre une alarme pour aller chercher Loulou à l'école. Jusqu'à devoir, aussi, planifier deux heures pour faire les courses de Noël et m'octroyer une demi-heure chez un coiffeur qui, voyant ma mine sans doute trop réjouie, s'est chargé de me casser le moral en me massacrant.

Avec ma coupe de joueur de foot des années 80, je suis repartie, les bras chargés de paquets cadeaux en me disant que je devais tout reprendre en main, vraiment, au risque de ressembler dans un an à Zézette traînant son caddie (mais avec les cheveux moins longs, merci monsieur Dextercapillaire).

Tout reprendre en main? Oui, c'était le moment de ressortir mon gros macaron rose...

mardi 4 février 2014

Au delà des turbulences

 
La Baule, ce midi.
 
 
Drôle de sensation. L'impression de déjà vu. J'ai pris une photo quasi identique, en novembre, dans les tréfonds de la Bretagne, lors d'une semaine off, que j'avais prise pour souffler. Le ciel était aussi nuageux mais l'horizon moins dégagé, dans mon esprit tout du moins. Totalement vidée alors, j'imaginais mal retrouver suffisamment d'énergie pour retourner au charbon, moins de trois mois plus tard.
 
Je voulais juste qu'on me laisse tranquille, qu'on me laisse respirer, sans rien exiger d'autre de moi. Cette semaine-là, j'ai bel et bien senti l'air régénérant de la Bretagne, j'ai contemplé des heures durant l'océan, sans chercher plus loin. J'ai cru que les turbulences étaient derrière moi.
 
Elles ne l'étaient pas tout à fait, à vrai dire. Elles sont venues de nouveau me bousculer, comme une énième piqûre de rappel, comme s'il m'avait fallu tomber plus bas encore pour mieux taper du pied ensuite.
 
La chute a cela de bon qu'elle permet souvent de rebondir, au delà de ce qu'on imagine.
 
Les traits tirés, la mine défaite, le corps tendu et las de tant d'insomnies, j'étais devenue un zombie. Je ne cherchais même plus en moi de solutions pour me remettre d'aplomb. J'avais abdiqué. L'avenir? La recherche d'emploi? C'était le néant. Qu'on me foute la paix, une fois encore.
 
En prenant la route pour Saint-Nazaire, ce matin, j'ai songé quelques secondes à ce sombre passage. J'ai souri, intérieurement. Contre toute attente, j'ai remis les compteurs à zéro et décidé de prendre à bras-le-corps mon rêve. La sociopathe que j'étais devenue a laissé la place à la teigne, prête à en découdre pour aller au bout. Prête, enfin, aux rencontres.
 
J'en ai eu deux, aujourd'hui. Deux personnes, responsables de formations qualifiantes en cuisine. De ces entrevues, je suis revenue encore plus boostée, tant j'ai trouvé un écho et une attention précieuse. Entendre l'un convaincu que ma "patte maison" peut se démarquer de tous ces restaurateurs qu'il qualifie d' "ouvreurs de sac" quand il s'agit de concocter des desserts pseudo-maison ; et l'autre, relever que mon "projet tient la route", m'encourage encore plus dans cette voie que je redécouvre avec envie.
 
L'océan était gris et le ciel toujours nuageux. Pourtant, j'ai senti comme l'horizon se dégageait bel et bien.


lundi 3 février 2014

Je vais me tuer et je reviens

"Je peux enregistrer ton rire avant de partir?"

Nous étions en septembre et l'un de mes collègues, en instance de départ, voulait mettre dans la boîte mon rire, tonitruant et... assez honteux, je peux bien l'avouer.

J'ai pris ça à la rigolade, sans penser à l'époque que ça m'aurait bien aidé, d'en avoir une trace, tant je l'ai perdu depuis.

Oui, j'ai arrêté de rire. J'ai cessé de m'amuser, de profiter des petits bonheurs, de colorer le quotidien. Tout est devenu tellement sombre, pesant, pénible... J'ai regardé les gens dans la rue, qui avançaient, qui échangeaient des regards et des sourires, qui vivaient... Avec cette sensation de flotter au dessus d'eux, devenue incapable de ressentir quoi que ce soit. J'enviais les rires, les discussions complices, les gestes simples d'affection. Je m'en sentais incapable.

J'ai expérimenté pas mal de choses dans ma petite vie, mais la dépression, j'avais jamais osé. Et là, je suis tombée en plein dedans. D'où mon silence, notamment, ici ou sur l'autre blog que nous avions créé, avec ma cops Louloutte, pour me défouler, et que je peux maintenant relier ici (y'a prescription, Albert est sorti de ma vie).

Le 20 septembre, au lendemain de mes 39 ans, j'ai eu envie d'en finir. Alors, j'ai garé la voiture, éteint le moteur, soufflé et appelé le travail: je ne viendrai pas aujourd'hui. Mais au lieu de me foutre en l'air, je suis rentrée sagement chez moi me coucher et me noyer dans le flot de mes pensées sombres.

Du genre "je vais me tuer et je reviens."

Dépression 1- la mouette 0.

Certes.

Quelques mois plus tard, me voilà retapée, prête pour un retour dans le futur: croyez-le ou non, mais je lâche de nouveau le "journalisme" (ou ce qu'il était devenu) pour replonger dans ce qui m'a tenue à flot durant cette sale période: la popotte.

Et depuis quelques jours, alors que je suis partie dans la quête de la formation ad hoc pour réaliser, enfin, mon rêve, je ris en douce - parfois jaune - en entendant certains interlocuteurs. La vague de la cuisine à la télé, avec ces émissions qui donnent envie à chacun d'ouvrir une cupcakerie dans sa ville (je ne fais que citer l'un de mes interlocuteurs) a fait du mal au métier, et les vrais de vrais n'ont aucune envie qu'on empiète sur leurs plates-bandes. Oui, depuis quelques jours, comme une réminiscence assez ironique, j'ai déjà entendu un clone de la Fronçeuse de sourcils, un copain de Joe Pesci, des complices de mes amis de la banque.

Vous savez quoi? J'ai plus que jamais envie d'y aller, et pas juste pour rigoler. Je sens qu'on va bien s'amuser...