samedi 21 juillet 2012

La vie, donc

Quatre mois que je n'ai plus rien écrit ici. Quatre mois que Poney a disparu, comme le soleil, d'ailleurs (j'exagère à peine. Je crée un compte twitter et je balance sur qui vous voudrez le jour où je me mets en T-shirt) (en même temps, en juillet, quelle idée, aussi, de vouloir tenter le bras-nu) (Bref) Quatre mois à envisager la vie autrement, un jour persuadée que la vie normale m'apaisait, le lendemain me souvenant de mes velléités plus... anarchiques, dirons-nous.

Panne d'inspiration? Vie trop normale, justement? Claques à répétition? Rythme trépidant ? Je ne sais pas trop, à vrai dire. Soudainement, l'intime m'a effrayée, une nouvelle pudeur s'est emparée de mon esprit déstructuré et j'en ai perdu toute envie d'exprimer ici des choses qui me semblaient tellement personnelles, d'un coup, alors que j'avais balancé ma vie et mes états d'âme sans vergogne pendant si longtemps!

La vieillerie, peut-être, alors. L'impression, aussi, de m'adapter à une vie plus... sociale, avec des vrais gens à l'intérieur, les petits énervements passagers, les réjouissances furtives aussi, dans un travail qui me pose de nouvelles questions. Je suis arrivée un peu vierge, à ce taf. Personne pour savoir vraiment d'où je venais, qui j'étais, et ça m'allait très bien. Et puis, on se fait prendre au piège, on s'attache à certaines personnes et on en dévoile plus qu'on n'en voudrait. On passe aussi tellement de temps assis sur sa chaise sans pouvoir yogger ou danser comme autrefois, que le soir venu, la lassitude nous prévient de toute tentative d'approche avec l'ordi.

Bouh. Le mal est en toi, petite chose noire et portable.

Et puis, il y a l'autre vie, aussi. La vie de maman, toujours (mon loulou va bien, il ressemble juste à un skin-head, en ce moment. Merci papa pour cette merveilleuse coupe de cheveux, je suis officiellement la génitrice d'un p'tit mec qu'on pourrait appeler dylan ou brandon, voyez bien. J'adore). La vie d'amoureuse, aussi. Oups. Comme une grosse vague qui surgit et vous enveloppe, vous brasse bien et vous laisse échouée sur la plage.

Soudain, ce soir, pourquoi, je n'en sais rien, j'ai envie de revenir ici, de reprendre nos petits échanges qui m'ont tellement apportée, tellement touchée. J'ai des tonnes de choses à vous raconter, pas mal de chagrins, du petit lot de pépites aussi, du physiquement intelligent, de la méchante dame ou de la maîtresse accablante.

Si j'étais un peu mégalo, je me souhaiterais un bon retour sur ce blog. Mais comme je suis juste un peu fêlée de la cafetière, je vais juste vous souhaiter la bienvenue, à ceux qui nous rejoindraient, et taper la bise virtuelle aux habitués que j'ai si longtemps délaissés.

On s'appelle??

jeudi 1 mars 2012

Poney

La dernière fois que je l'ai eue au téléphone, elle avait un air enjoué, quoiqu'un rien enroué, visiblement soulagée. Je venais de commencer mon nouveau travail et je n'avais pas eu une minute à moi. Elle m'a dit que, de son côté, elle avait eu des petits soucis de santé, qu'elle avait dû délaisser son atelier chéri, renoncer à son rituel. Ne plus coucher ses pensées sur des cahiers mais rentrer à la maison, au chaud, et attendre que ça aille mieux.

Après, m'avait-elle assuré, on reprendrait de nouveaux travaux ensemble. On se retrouverait de nouveau l'une face à l'autre, bien calées dans notre fauteuil, elle me parlerait de ses multiples projets, pesterait contre la terre entière et s'amuserait d'une petite bête sur le mur. Elle me proposerait un thé, sortirait avec gourmandise une tablette de chocolat. Et me caresserait la main en sortant, au pied de la porte, avec affection.

Après. Quand ça irait mieux.

...

Sa chambre était incroyable, spacieuse, soignée, pleine de souvenirs et d'images. Elle me disait parfois, en regardant son lit, qu'elle n'attendait qu'une chose, c'était de s'allonger, s'endormir et de ne jamais se réveiller. Je lui demandais de chasser cette idée, un peu angoissée qu'elle échafaude de tels projets. Je la savais fragile. Mais d'une telle vitalité...

Aujourd'hui, elle est partie. La maladie l'a vaincue. Elle a rejoint ce monde qu'elle craignait et espérait tout à la fois. Elle ne sera jamais vieille, elle qui détestait les peaux flétries et les chairs molles. Jusqu'au bout, son élégance l'aura poussé à refuser de faire comme tout le monde.

Poney nous laisse, là. Je me sens étrangement un peu orpheline ce soir. Aucun lien de sang entre nous, juste une sensation diffuse que nous partagions des choses et qu'elle faisait parfois écho à mes propres velléités. J'ai retrouvé chez elle cette fantaisie propre aux âmes insouciantes. Ou à celles qui, prenant coup sur coup, refusent de se laisser abattre et vivent leur existence comme si tout devait s'arrêter demain.

Je ne regrette qu'une chose. Elle part alors même que son manuscrit, celui qui m'a permis de la rencontrer, doit être publié dans les prochains jours,les prochaines semaines au pire.

L'ironie du sort, j'imagine.

Poney, où que tu sois, merci.