lundi 17 octobre 2011

Même pas peur

L'autre nuit, j'ai fait un drôle de rêve où tout s'emmêlait, les gens, les choses, les situations et puis, soudainement, je me retrouvais dans l'océan, à nager auprès de mon fils, de ma nièce, de mes parents et de mon homme. Je disais à ma nièce de faire attention, il y avait un gros rocher, nous devions reprendre le large. Le danger écarté, je me sentais de nouveau remplie de cette plénitude incroyable, au milieu de l'eau claire...

Forcément, hier, lorsque j'ai vu la beauté et le calme de la mer, sur une plage pornicaise, mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai hésité, parce qu'il nous manquait pas mal d'affaires pour nous baigner (l'essentiel, en gros, une serviette étant toujours utile à la sortie du bain, d'autant plus lorsque la température de l'eau flirte avec les 15°).

Oui, j'ai hésité et puis j'ai songé à ce rêve, au bien-être dont je m'étais sentie enveloppée et j'ai pensé aussi, que je goûtais là mes derniers jours de "liberté." Alors, comme pour le dernier jour des vacances, où l'on voit tout au ralenti, déjà gagné par la nostalgie alors que les valises ne sont même pas terminées, j'ai plongé dans l'eau, j'ai fermé les yeux et senti le froid de l'eau sur ma peau. Mais surtout cet instant fugace, celui de la félicité.

Incroyable sensation.

Être passée par toutes ces étapes, ces derniers mois, ces dernières années pourrais-je même écrire, m'a apportée plus que je ne l'aurais jamais imaginé. Oh, j'en ai pris des claques. Oh, mon estime de moi, déjà pas bien fameuse, n'a pas été épargnée. Oh, j'ai vécu de vrais moments de solitude.

Raison de plus pour savourer ce qui s'offre à moi aujourd'hui.

Demain, c'est la rentrée, le début d'une nouvelle vie, avec ce travail que j'ai tant désiré, qui me motive vraiment et qui va m'ouvrir de nouveaux horizons.

Et m'en fermer d'autres. Eh oui, on ne peut pas tout avoir. A 37 ans, je vais découvrir pour la première fois les joies des horaires. Mais surtout, je vais devoir renoncer à...

- Mes journées pyjama
- Aller courir, sur un coup de tête, juste pour me libérer l'esprit et profiter des rayons du soleil
- Prendre des rendez-vous et passer bien avant tout le monde, même chez l'ophtalmo, au simple fait que je suis disponible n'importe quand
- Vider des litres de thé, assise sur mon canapé, l'ordi sur les genoux et le plaid sur les jambes
- Faire mon ménage à 10h58 si ça me chante
- Préparer le dîner à 15h27 pour prendre de l'avance
- Enfourcher mon vélo, faire mes trois courses et revenir tranquillement, en faisant un petit détour, le temps de bouquiner sur un bout d'herbe
- M'allonger sur ma chilienne, une tasse de café à la main sur ma terrasse ensoleillée
- Amener tous les matins mon loulou à l'école, à pied, et arriver à l'arrache systématiquement
- Aller chercher mon loulou à la sortie de l'école
- Boire un verre en terrasse avec les copines le vendredi après-midi, juste parce que c'est bientôt le week-end
- Accompagner Loulou à toutes les sorties scolaires
- Partir le mercredi à La Baule avec Loulou juste comme ça
- Faire ma sacro-sainte sieste

Eh oui, vu comme ça, j'aurais de quoi m'inquiéter, imaginez-vous. Sauf que, si je suis honnête et lucide, ces moments-là, qui ont existé, ne pouvaient masquer, au fil des jours qui passaient, l'angoisse qui me tenaillait, consciente que je me dirigeais tout droit vers le monde des fantômes, peuplé de ces gens qui ont finalement tout loisir de profiter de la vie - au moins, ils ont le temps - mais aucun moyen ni plus aucune envie pour assouvir toutes leurs envies.

Alors, certes, je vais devoir jongler et m'imposer une discipline de fer pour être rapidement au point dans cette nouvelle vie, mais au moins les moments off seront-ils vraiment des moments off. Comme tout le monde, quand le vendredi soir arrivera, j'en aurai plein les pattes et envie de couper, de souffler, de vivre.

Vivre. Un concept que l'on n'a pas tout le temps d'appliquer avec un travail régulier.

Au moins je n'aurai plus à envoyer bouler les milliards de représentants qui sonnent à ta porte/appellent quinze mille par jour/te vendent une maison, un abonnement, des skis ou des pommes. Au moins, je ne pesterai plus contre ces scrogneugneu de voisins qui font des travaux alors que tu essaies de traduire du syndicaliste.

Tiens, au moins, je n'aurai plus à retranscrire du syndicaliste.

Je crois que je n'ai jamais été aussi contente de ressembler à tout le monde.

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