dimanche 17 juillet 2011

Grandir

Loulou m'épate, depuis quelques temps. Sans le vouloir, j'avais coché l'option "ver de terre" et "peu discipliné" à sa naissance et puisque les retours sont un peu impossibles en magasin* (au niveau approvisionnement et gestion du stock, le rayon bébé est un peu nase dans ce type de commerce), j'avais décidé de m'accommoder de ce caractère un rien bougeant (et épuisant).

Surtout, je m'étais fait violence pour tenter de remettre tout ça sur de bons rails. Une histoire de cadrer l'enfant, lui fixer des limites et le remettre à sa place.

Un truc qu'on appelle "l'éducation". Tiens, je peux même mettre un E majuscule, tellement c'est sacré.

L'Education.

En théorie, c'est finalement facile. Une boulette = une réprimande. Qui peut aller de la simple petite réflexion ('"oh non, mon chériiii, c'est pas bien de mordre les doigts de ton petit copain) à la pire des punitions (15 jours sans DS, cette génération me désespère. Et le pire, c'est que nous en sommes responsables) (de la situation et de nos gosses, oui).

En pratique, lorsque la vie se charge de nous plomber un peu nos bonnes intentions à coups de soucis divers, fatigue variée et gestion en solo, ben, ça se complique. On finit par tout mélanger, on hurle sur son chériiiii parce qu'il a mis UNE miette par terre mais on ne va rien lui dire lorsqu'il éborgne son petit camarade (qui n'est pas un angelot non plus, soit dit en passant) (et qui n'était déjà pas très beau, mais ça, il n'y peut rien, le pôôôvre) (l'éborgner, dans ces conditions, c'est vraiment moche, quand j'y pense).

On chronomètre le temps passé sur les écrans (DS, télé, ordi) et trois mois plus tard, on réalise qu'on a laissé la chair de notre chair toute la journée se péter les neurones et s'exploser les pouces sur des touches pendant qu'on était occupé à bosser.

Bref, tout vole en éclats, on comprend mieux pourquoi le mode d'emploi n'était pas fourni à la livraison du modèle et on se trouve confronté à divers choix:

1/ Se tirer une balle (option peu judicieuse, qui va nettoyer derrière? Et pas que la tache de sang que ça va laisser, je veux dire);
2/ Tenter une lobotomisation sur l'enfant terrible (mais affronter les reproches du père pour les cicatrices laissées sur le crâne de chériiiiiii) (et risquer de récupérer un légume, léger détail) ;
3/ Aller en hôpital psy se refaire une santé (ah ah);
4/ Mettre une laisse à chériiiiii;
5/ Assumer.

Prendre son mal en patience, en gros.

Je vous le dis tout de suite, la patience n'est pas, mais alors pas du tout ma vertu première. Mais puisque, de toute façon, aucune autre solution ne s'imposait, j'ai patienté, donc.

J'ai pensé qu'un jour, Loulou allait grandir, s'assagir. En l'aidant dans ce sens, évidemment. Pas question de lui lâcher la grappe. Je me suis donc fait une nouvelle fois violence pour ressembler à une maman à peu près ferme, bien consciente de l'intérêt de la chose. Il y a plein d'expressions pour ça: "lui serrer la vis", "remettre les points sur les i"... Euh... L'éduquer et assumer son rôle de parent, tout bêtement.

Et parfois, les miracles arrivent.

Loulou a grandi. Il peut rester calme plus de douze secondes. Il peut même obéir, rendez-vous compte. Le comble de ma joie a été atteint cette semaine, lorsque le beau-père d'une amie, la soixantaine autoritaire, m'a dit: "dis donc, il est drôlement calme, votre fils."

Je n'avais pris aucune drogue, le beau-père non plus. Quant à Loulou, hormis une glace, il n'avait avalé aucune substance qui aurait pu avoir quelque incidence sur son comportement.

J'ai regardé Loulou, qui jouait tranquillement dans le salon. J'avoue, j'ai un peu écarquillé les yeux, mais c'était bien le même modèle - ce diablotin qui m'avait tellement rendue marteau, parfois - qui assemblait les lego avec application et sans broncher.

J'ai failli entamer un pas de danse de la joie avant de réaliser que, 1/ j'étais en tong et j'avais de la route à faire, derrière ; 2/ ça ne servait à rien d'éveiller les soupçons des gens sur une éventuelle folie que je pourrais cacher au tréfonds de moi-même; 3/ finalement, rien n'était acquis et qu'il fallait juste que j'envisage cela comme un encouragement.

Je deviens raisonnable, moi, j'en reviens pas. Je me demande si j'ai pas grandi, tiens.

...

Bon, le revers de la médaille, c'est que Loulou commence à faire les mêmes rêves de psychopathe que moi. A 3 heures du matin, voilà deux nuits, il m'a réveillé, en hurlant qu'il avait fait un cauchemar: son père lui avait coupé la tête. Et cette nuit, quelqu'un d'autre lui a coupé le coeur en deux. Mais ça va, dans un cas comme dans l'autre, il a survécu.

Ouf.

* Ceci est du 15e degré, j'en vois déjà qui cherchait le numéro de la SPA, oh.

2 commentaires:

  1. Mais non, personne ne cherche le numéro de la SPA, détrompe-toi.
    Atteindrais-tu comme Loulou l'âge de raison, la Mouette ?
    Bises.
    Thierry

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  2. Ouais, grandir ; on n'a pas vraiment le choix, il faut que ça arrive, un jour...

    Bravo, madame Mouette ! :)

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