samedi 16 avril 2011

Le tourment d'une vie intérieure

Certes, à voir sur cette page s'afficher sans discontinuer cette histoire de titine, vous pourriez penser que je patine là-dessus ou que, finalement, ma vie se résume à ces petits tracas de la vie ordinaire. Ou alors que je suis un peu fainéante, que je n'actualise plus cet espace, que, que...

J'en ai même oublié de célébrer les deux ans de ce blog, rendez-vous compte! Mais où avais-je la tête?;)

Ailleurs, forcément. C'est là tout le dilemme d'un espace personnel, qu'on publie sur la toile dans un élan de narcissisme poussé, au regard de tous, en réalisant ensuite (trop tard?), parce que le temps passe, parce que les objectifs changent, parce qu'on évolue, qu'on ne peut plus tout raconter, que mes envies d'entreprendre, que mon parcours d'apprentie cuistot se conjuguent au passé et que pour remplacer ces velléités excitantes, il y a...

La vie.

La vie d'une fille normale (enfin, à peu près...), qui se dépatouille dans la jungle, tiraillée entre mille envies, deux trois rôles essentiels et le désir d'avancer en gardant toujours les yeux grand ouverts. Le carnet de bord d'une chômeuse est devenu une sorte de journal intime d'une trentenaire, un "divan" comme me l'a fait remarquer un ami dernièrement. Et si je me souviens bien, un journal intime, on le cadenasse. Sinon, ce n'est plus de l'intimité.

Je suis passée d'une forme de témoignage, finalement, celui d'une candide qui découvre la dureté de ce monde - après des années passées dans une bulle - au récit d'un quotidien, parfois drôle, parfois triste, souvent inattendu (je parle du quotidien, ne vous méprenez pas) ; d'un parcours que n'importe qui aurait pu vivre, au chemin beaucoup plus personnel que je trace aujourd'hui.

Alors forcément, j'oublie des épisodes au passage, ici. Omission volontaire, très souvent. Je voulais vous raconter mon cours de cuisine, récemment, très pimenté. Le lancer de larve à l'école. Et puis j'ai zappé.

Je pourrais vous narrer ce drôle de sentiment que je ressens, parfois, lorsque j'accompagne loulou à l'école, avec la dame qui fait traverser la route aux enfants en parlant immuablement de la météo, à ces pelouses bien tondues et ces espaces verts nickel où rien ne dépasse, tous ces petits chemins qui sécurisent la traversée jusqu'à la cour de récré. Cette sécurité me surprend, oui, c'est comme si tout était bordé et parfois, je songe que j'ai trouvé cet apaisement quotidien depuis que je suis arrivée dans cette nouvelle vie. Même si je regarde ce paysage aseptisé d'un oeil amusé, presque perplexe aussi.

Dois-je alors vous parler des oiseaux qui chantent et de mon bien-être lorsque je me colle sur la terrasse, cinq minutes, avant de retourner à mon job d'audiotypiste (oui, j'ai vu ce titre sur une pochette qui m'était destinée, à un conseil municipal, lundi dernier, je sais maintenant ce que je suis!;)) ?

Eh bien, peut-être finalement. Car si ce blog est clairement le reflet de mes émotions, une sorte de trame de tous les bouleversements heureux ou pas que j'ai traversés, il ne peut complètement tout dire. Je ne peux décemment raconter certaines choses beaucoup plus profondes qui me taraudent, ces pensées qui perturbent mon sommeil. Je peux seulement vous dire que, la nuit, je me sens tiraillée entre des choix impossibles, qui ne sont pas professionnels, sans pouvoir en expliquer le pourquoi. Parce que c'est juste trop personnel. Et pourtant, ce serait sans doute plus passionnant, qui sait...

On peut aussi accepter qu'un blog ne soit finalement que le reflet partiel d'une vie qui part parfois dans tous les sens ; que l'on peut s'amuser de tout, sans chercher à refaire le monde et à partir dans les tours. On peut être vrai en racontant des choses qui, finalement, ne pèsent pas vraiment. Alors, je vais continuer de me servir de ce blog comme d'un simple exutoire et à y narrer des choses banales et idiotes qui surviennent.

Parce que, finalement, je suis comme tout le monde, je cloisonne, je mets chaque chose dans différents tiroirs et je ne suis pas obligée de tous les ouvrir, en même temps et en public. Même si la tentation est grande.

2 commentaires:

  1. Oui, la tentation est ô combien grande ! Elle me tiraille souvent aussi. Mais j'ai trouvé la solution, lorsque j'ouvre un tiroir intime, je le fais de façon elliptique, de sorte que ne comprennent que ceux qui me connaissent le mieux - comme toi, par exemple - et savent décrypter mes lignes.
    Garde caché ton côté mystérieux, tu as raison. A trop se découvrir, on risque des retours de boomerang.

    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. Evidemment, qu'il ne faut pas tout dire, qu'on ne peut, finalement, pas tout dire ! Ce serait dangereusement pervers pour son "soi".

    Mets-y seulement ce que tu as envie d'y mettre. Ce sera quand même y mettre de toi. Pour le reste, nous avançons en tâtonnant, dans la vie autant que dans nos insomnies, et nos questions ne taraudent bien que nos silences.

    Nous ne partageons, et c'est tant mieux, que ce qui est partageable, et quelques anecdotes.

    Après tout, c'est ça aussi, une vie. Et puis, chère Mouette, tu dois savoir, à l'âge que t'as, qu'on ne se déshabille pas comme ça devant tout le monde, ou bien n'importe qui ! :))

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