mercredi 17 novembre 2010

La morte du lundi matin

La semaine a commencé bizarrement. En rentrant de l'école, lundi matin, je tombe en arrêt devant deux croque-morts et un troisième monsieur (le chef?), relevant à grand peine un sac tout blanc pour le poser le plus délicatement possible sur le brancard.

Une housse pour protéger un mort, quoi.

Hum, j'ai beau vouer une adoration totale à Dexter et Six Feet Under, je crois que voir un macchabée comme ça, au pied de l'ascenseur, ça me fera toujours bizarre.

Bêtement, je leur ai proposé de tenir la porte d'entrée. Oui, qu'ils m'ont dit. Avant de remettre la morte en place, l'attacher, répondre au portable, tout en continuant de sangler le corps... On dira ce qu'on voudra, mais le respect pour le défunt s'est un rien entaché, d'un coup. Bon, au bout de dix minutes, je commençais à fulminer, j'avais beau me raisonner en me disant que j'avais tout mon temps, parce que, MOI, j'étais vivante, je trouvais qu'ils poussaient un peu le bouchon. C'est là que la fille, enfin j'imagine, de la morte (au format de la housse, c'était une femme), est arrivée et m'a proposé de tenir la porte.

"Ben je veux bien, parce que j'ai pas toute la journée, hein!"

Elle n'a rien dû comprendre, la pauvre, et se dire qu'elle ne méritait pas tant d'agressivité, tandis que je remontais les escaliers, furibarde contre ces croque-morts qui ne m'avaient même pas remerciée d'être trop bonne poire.

Lorsque j'ai raconté l'anecdote à mon père l'après-midi, sa réaction n'a pas tardé:

"Mais t'as besoin d'aider tout le monde, comme ça? Arrête!"

Moi:

"De toute façon, ils gênaient le passage. " (enfin, surtout la morte sur son brancard, paix à son âme).

Oui, obligée de mentir pour me justifier. Parce qu'en vrai, il y avait un autre chemin pour accéder à l'escalier. Mais enfin, sinon, il va croire que sa fille s'est transformée en mère Théresa. Ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut.

C'est juste que je n'aime pas cogner dans les morts, ça me rappelle notre vulnérabilité.

4 commentaires:

  1. Il n'y a que toi à qui ce genre de choses arrive ! Tu as décidément une vie palpitante.
    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. Tes croque-morts, ils ont l'imperturbabilité des gens qui ne vont jamais manquer de boulet.....

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  3. oups ! de "BOULOT" ! voilà ce que c'est d'avoir quelqu'un qui me dérange pendant que j'écris ! j'ai pensé qu'IL était un boulet.....et je l'ai écrit, misère ! hahahahaha !!!

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  4. J'en profite pour te faire un coucou de revenante ! je ne t'oublie pas et t'embrasse

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