jeudi 26 août 2010

Une herbe plus verte

Avant de partir en vacances, j'ai eu le plaisir d'accueillir la cafelière et son miniloup à la maison. Nous avons pu converser à loisir, entre deux péripéties - un petit aperçu ici - et évoquer nos rêves d'hier et d'aujourd'hui. Je croyais le mien enfoui au plus profond, contrainte et forcée, mais l'envie persiste, l'utopie de monter mon p'tit bazar n'en finit plus d'envahir ma caboche.

Pourtant, lorsque la cafelière m'a demandé - après un passage devant le fonds de commerce que j'ai touché du doigt - si je n'avais pas envie de remettre le nez dedans, j'ai été plutôt catégorique. Non, non, non, plus de création d'entreprise. Plus tard, lorsque l'amie qui nous recevait pour cette dizaine de jours dans son antre - et qui m'a offert la cuisine clés en main, le bonheur - m'a demandé si je n'avais pas envie de me lancer dans l'aventure de "chef à domicile", j'ai de nouveau repoussé l'idée.

Lorsque je passe découvrir un nouveau salon de thé dans la ville et que je vois la facilité apparente de l'affaire, je tente d'oublier aussitôt que, pour certains, le rêve s'est concrétisé.

Ne pas se faire d'illusion. Ne pas se mettre martel en tête. Être sage. Reprendre le chemin tracé. Oublier cette sensation d'apaisement et d'accomplissement, les deux mains dans la pâte, derrière le comptoir. Penser à construire, chasser les vieilles chimères.

N'empêche. En décembre, je n'ai plus de droits et j'ignore toujours comment je vais me dépatouiller avec moi-même. Lorsque la cafelière m'a demandé quels étaient mes projets pour septembre, j'ai été incapable de lui répondre correctement. Je ne sais pas, tout simplement. Je fourmille d'envies mais rien ne se concrétise. Une telle situation devrait générer de l'angoisse mais ma sérénité passagère me permet de simplement poser les choses.

Je pourrais continuer à vivoter ici, dans cette ville où je vis depuis maintenant seize ans (!), prendre tout ce qui passe, un peu de rédaction, un peu d'extra, un peu de cuisine. Je préfère partir vivoter ailleurs, où l'air me semble moins vicié. Je lutte sans cesse contre moi-même, contre ces gens bien pensants qui me conseillent d'oublier l'idée, et je me fous d'idéaliser cette ville que je veux rejoindre, pour, enfin, tourner une page.

L'herbe est toujours plus verte ailleurs, bien sûr. Celle sur laquelle je suis assise me chatouille trop pour que je continue de rester là, bras ballants, sans rien faire.

4 commentaires:

  1. Kundera le disait déjà : "La vie est ailleurs"; va où tu penses pouvoir agir.

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  2. Drôle de sensation...
    Vas-y, pas sans réfléchir bien sûr, mais vas-y.
    Vaut toujours mieux avoir des remords que des regrets.
    Et en plus, si je comprends bien ton envie de bouger en idéalisant un peu un endroit, que tu portes dans ton coeur. C'est donc ton objectif, eh ben vas-y! D'autant que tu sais ce que tu veux et AIMES faire...
    Profites-en, il y en a d'autres, qui idéalisent un lieu, mais sont bien incapables d'avoir une idée précise de ce qu'ils veulent y faire et comment.

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  3. Ne laisse pas dire les "esprits bien pensants, tu as les questions alors forcément, tu as les réponses en toi. Personne ne peut avoir raison à ta place.
    Quoi qu'il en soit, je te dis m..., la Mouette.

    Bises.
    Thierry

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  4. Accroche-toi, choisis des solutions raisonnées et non raisonnables (conseil qui m'a été donné par une grande sage du Berry :). Mets les vieilles chimères de côté et si c'était vraiment ça ta vie, il sera toujours temps d'y revenir. Reculer pour mieux sauter.

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