samedi 17 juillet 2010

Madame mauvais poil, la sainte et l'apôtre

Quitte à faire des pauses, autant qu'elles soient divertissantes, pas vrai?

Du coup, hier matin, j'ai filé chez Pôle Emploi. Oui, oui, histoire de me divertir. Dit comme ça, ça peut sembler bizarre, mais il se passe toujours un truc cocasse, à chacune de mes escapades dans ce pays insolite.

En réalité, je voulais transmettre mes documents du mois (salaire de juin, enfin reçu le 15 juillet, grrr) à mon apôtre. Malgré notre relation de confiance, j'ignore encore tout de sa vie et surtout de ses dates de congés et il était hors de question que la lettre en question poireaute sur son bureau pendant quelques semaines, le temps qu'il se dore la pilule (et il le mérite, si si), rapport que Pôle Emploi me doit des sous. Donc, j'ai préféré poireauter, justement.

Mais pas trop, en fait. L'effet des vacances, j'imagine. Les chômeurs qui restent chez eux l'été, c'est has been, faut croire. Ou alors personne n'a de problème spécifique. Ou alors ils saturent les lignes du 3949... Bref.

Une dame à lunettes chargée au guronsan, si j'en crois sa speed attitude, me demande si j'ai rendez-vous et sinon, "de quoi qu'elle veut la dame." Je caricature à peine.

"Euh, le...

"Oh, c'est pas vrai", qu'elle m'interrompt décrochant le téléphone comme si ce dernier avait commis l'irréparable. "Ouais, t'es bien gentille, là, mais moi j'y peux rien", qu'elle répond, avant de raccrocher brutalement. Elle s'est peut-être fait plaquer ce matin. Ou alors son pain a grillé dans le toaster. Ou son chien a gerbé sur son tapis. Je sais pas, mais y'a un truc. Bref.

Retour à l'accueil. "Et donc, vous disiez?"

"Le monsieur du poste bipbip est-il là? "

"Ouais, mais il est occupé, c'est pour quoi?" Je lui explique le dessein de ma visite.

"Ouais, mais on peut pas le déranger, là."

Pas grave, qu'elle lui donne l'enveloppe et qu'on en parle plus. Elle rumine, jette des regards mauvais à droite à gauche. Elle est énervée, et ça m'agace. Je craque.

"Je sais bien que ce n'est pas contre moi, mais s'il vous plaît, pouvez-vous juste vous montrer un peu moins agressive?"

Entre temps, sa collègue l'a rejointe. C'est marrant, ma réflexion ne semble pas du tout la surprendre.

"J'suis pas agressive, j'vous dis juste qu'il n'y a pas de suivi personnalisé ici, point."

Elle n'a pas compris qu'entre l'apôtre et moi, c'était spécial, que notre relation dépasse l'entendement pôlemploiesque, que parfois, il m'appelle et n'hésite pas à actualiser ma situation à ma place.

L'autre collègue doit déceler le truc, j'imagine, parce qu'elle s'empare de l'enveloppe et me confirme qu'elle va la porter de ce pas. Oh, une autre sainte.

Se croyant débarrassée de moi, madame mauvais poil me fait un signe de tête pour m'expliquer que mon temps a expiré. Sauf que j'ai une autre question à lui poser. Sur l'indemnisation. Un truc de base, à mon avis, mais je préfère avoir confirmation. Je commence donc à le lui demander mais elle me coupe la parole.

"Ah ouais pour ça, je ne peux pas vous aider, c'est pas mon domaine, faut voir avec... " Elle jette un rapide coup d'oeil, chope Claudine au passage et lui pose la question. "Qu'elle appelle le 3949" répond la Claudine. Devant mon air catastrophé, madame mauvais poil retrouve brièvement le sourire et m'offre un clin d'oeil, gage de sa complicité.

Ou peut-être était-ce un tic.

Oui, c'est ça, ça devait être un tic.

1 commentaire:

  1. Affligeant ! et alors, accueillir le public en disant "ah, ouais" !, je suis peut-être vieux jeu, mais il y a quelques années, ça ne passait pas, ce genre de désinvolture ! à Pôle-emploi, ce qui est bien, c'est qu'on n'a presque pas l'impression de déranger, ni de faire partie d'une espèce particulièrement nauséabonde : le chômeur.
    C'est pourtant nous, leur fond de commerce.....

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