mardi 2 mars 2010

Retour vers le futur

Quitte à incendier l'immeuble, autant rentabiliser. Hier, en préparant ma livraison de petites douceurs, j'avais multiplié les doses. Autant vous dire qu'en sauvant les cannelés d'une mort certaine, j'ai surtout senti cet immense soulagement en constatant ma force de souffle sur le mini-incendie.

J'suis trop forte.

Car, oui, j'avais une idée derrière la tête.

Me goinfrer de cannelés?

Nan. Depuis la terrible vision de certaines photos où, tel Bidendum, je pose sans imaginer que je ressemble à un pachyderme, je suis on diet. Du genre légumes & légumes. Donc, les petits gâteaux, ils sont bien gentils, avec leur vilaine tête de tentateurs, mais pour moi, c'est no way. Vade retro satanas. C'est comme une mini-torture, cela dit, je vous le concède.

J'avais donc tout planqué - bien m'en a pris, Loulou s'est découvert une passion pour les cannelés - emballant juste ce qu'il faut pour démarcher deux restaurants. Après tout, autant voir concrètement si mon offre de livraison tient la route.

Arrivée chez le premier, que je connais pour y avoir bricolé deux, trois fournées sucrées. Compression maximale des coûts de revient, je doute fortement qu'il y aura une suite. Au moins, j'aurais essayé.

Au moment de pousser la porte du second, je sens une poussée d'adrénaline. Je me suis collé un peu de pression, là: je vais démarcher le forçat toqué, rien de moins. D'un coup, je me sens ridiculement prétentieuse.

Je croise tout le monde, la femme du chef, le maître de salle, le cuistot physiquement intelligent et donc, le big boss. Qui n'a visiblement toujours pas mangé un clown - ni même dormi, si j'en juge à ses cernes et son visage émacié. Au début, je lui parle de la possibilité de louer sa cuisine (il m'avait évoqué l'idée, au moment du stage).

"Avant, j'aurais dit oui. D'autant que l'on envisageait de fermer le soir, comme ça ne marchait pas. Mais depuis quelques temps, on ouvre souvent, notamment pour des réservations de groupe."

"Tant pis pour moi, alors, mais c'est plutôt bon signe pour vous, pas vrai?"

"Oh, c'est toujours dur."

Un lexomil, vite, pour le monsieur. Et vous m'en mettrez un tube. On cause crise, marasme, tout ça et j'ai soudain envie de me pendre. S'il y avait des rideaux dans le restaurant, je veux dire.

Comme je ne dispose pas des munitions idoines, que je n'ai pas envie de mourir - surtout pour une bête question de crise - et qu'en plus, j'ai mon fils à aller chercher à l'école ce soir - je chasse les idées funestes de mon esprit embrouillé et tente la solution extrême.

Le sourire.

Sérieusement, je ne sais pas si vous imaginez la portée d'un tel exploit. Sourire face à ce stakhanoviste; enchaîner, de façon légère, sur le deuxième sujet, là, y'a difficulté force 5. Donc, je souris et évoque mon offre, lui présentant les bouchées sucrées. J'imagine mon sourire se figer un peu, mais il continue de m'écouter. Je flippe, il va refuser tout net, non mais quelle idée j'ai eue, comme si ça pouvait l'intéresser...

Ça l'intéresse.

Dès que j'ai un statut officiel et une tarification établie - dès qu'il a goûté et validé les douceurs, aussi, évidemment - je le contacte de nouveau. Et on fait affaire.

Est-ce que je fais fausse route? Ce projet est-il viable/ rentable/ supportable? Abominable? Aucune idée. Mais je suis sûre d'une chose, je ne me lasse pas de cette sensation d'écrire chaque jour une nouvelle page. Il y a pas mal de passages décousus et stériles, certes.

Mais au final, je me sens vivante, malgré tout.

4 commentaires:

  1. Ah toi aussi, tu régimes ? Bienvenue à poussah-ville ;-)

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  2. Terrible, hein, de devoir faire taire sa gourmandise... Rrrrrrrrrrrrrrrrr!

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  3. 43 kg, ça va, j'ai de la marge...mais non, je chagne pas ! :))))
    Bon, et bien c'est bon signe, ton truc, il se passe quelque chose après tout, mince ! ça vaut mieux que de broyer du noir devant sa téloche, en veux patins usés, l'oeil éclairé du merlan aphone et le cheveu ramollo, non ?

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  4. Te sentir vivante, c'est bien le seul critère qui vaille... Fonce ! bises bretonnes

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