mardi 16 mars 2010

Et ça m'énerveeeeeee...

Après mûre réflexion, j'ai opté pour le régime de l'auto-entrepreneur. Comme il me reste quelques questions à soulever, je file à l'URSSAF. Bien décidée, je rentre dans le bureau. La cinquantaine bien tassée, maquillée comme une voiture volée, elle m'accueille et me laisse quelques minutes avant de considérer l'erreur.

"Nous ne nous occupons que des professions libérales. Dans votre cas, allez voir la chambre de commerce." A côté de chez moi, tiens. Tout va bien.

Me voilà déjà à ranger mes petites affaires lorsque la femme fronce les sourcils (oh non, pas ça!), réfléchit et me dit:

"Mais j'y pense, vous allez fabriquer (elle prend des pincettes pour articuler, on dirait que le terme la dégoûte) des gâteaux, c'est bien ça? Alors, c'est plutôt à la chambre des métiers qu'il faut vous adresser."

"Je ne peux pas, ils vont me dire que je n'ai pas le diplôme requis pour faire de la pâtisserie, ce qui est obligatoire, en tant qu'auto-entrepreneur dans l'artisanat."

" Oui, mais la chambre de commerce vous dirigera forcément vers eux."

Comme un blanc, soudain. J'ai peur de comprendre.

" Ce qui signifie, en gros, que je ne peux pas exercer?"

" C'est ça!"

Allez, au revoir Madame, hein, et bonjour chez vous ('scusez, un reste du Prisonnier, j'imagine).

Donc, si je résume:

Je ne peux pas ouvrir un restaurant car je ne suis pas issue de la profession.
Je ne peux pas être en portage salarial pour vendre des gâteaux car ce n'est pas une prestation mais un commerce.
Je ne peux pas être auto-entrepreneur, car je n'ai pas mon CAP pâtisserie et qu'il ne s'agit pas d'un service commercial mais artisanal.

Zen. Zen. Zen. Rester Zen.

Ce que je sais, c'est que j'ai le droit de rester chômeuse. Mais même ça, c'est un privilège qui va bientôt m'être destitué.

Je me suis malgré tout enregistrée comme auto-entrepreneur, sur Internet, histoire de facturer mes fournées de ces deux derniers mois. J'ai eu la sensation d'un vide, d'un très grand vide. Comme si la dernière marche que je franchissais était en carton-pâte et qu'elle s'effritait sous mes pas.

J'ai envoyé une lettre de motivation, ce soir. Pour bosser dans une boîte normale, exercer un boulot normal, avec des gens qui ne me répéteront pas que je suis dans les mauvaises cases.

Oui, je l'ai un peu mauvaise.

5 commentaires:

  1. Oui ben je comprends que tu l'aies mauvaise, tiens ! C'est un peu mal foutu, en France, on dirait qu'on prend un malin plaisir à empêcher ceux qui veulent bosser de se lancer.

    Oui, reste zen et bon courage.

    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. Oui, ici, si tu rentres pas dans les cases, tu n'as ta place nulle part. Essaie de ne pas te décourager, quand même.
    Je pense bien à toi, bises.

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  3. Font chier, tiens, avec leur formatage industriel de déshumanisation ! débile pays ! administration ringarde ! tu veux bosser, tu devrais pouvoir, et qu'on te fournisse ce qu'il te manque en savoirs et basta !
    Des cases, des cases, des cases, des parcours lisses et droits, des vies étriquées, ah tiens , y m'énervent !!
    Je comprends ta colère !

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  4. Bon, il y a aussi un moment où tu envoies balader les cases et où tu fais ce que tu as à faire, hein... J'ai relu un bout de mon blog hier soir (un coup de cafard sans doute) et constaté que j'étais toujours en infraction sur un bon nombre de points avec l'administration, or le resto il existe et il ne risque pas de fermer du jour au lendemain maintenant, ça je n'y crois plus ! Fonce, fais ce que tu as à faire. Pour le reste, le chemin n'est jamais droit, mais si tu attends qu'on te dise en face qu'il l'est, tu ne feras jamais rien. Allez hop, courage ! bises

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