lundi 19 octobre 2009

Le jour où j'ai signé

"Vous voulez un café, un thé?"

Bientôt, c'est moi qui proposerai ce choix.

Lorsque l'assistante juridique m'a offert une boisson, je pensais qu'elle souhaitait juste me faire patienter. En fait, les vendeurs et l'avocate m'attendaient déjà.

Cette fois, on allait le signer, ce compromis.

Nous avions préféré laisser passer la semaine pour se réunir dans les conditions les plus sereines possibles, après les rebondissements passés. Je ne faisais pas trop la maligne, mine de rien, après avoir vu une nouvelle annonce du local: le prix avait été revu à la baisse, pour tenter d'attirer un éventuel repreneur, peut-être moins regardant que moi.

Il faisait chaud dans cette salle, j'avais les joues toutes rouges. Je mets ça sur le compte du chauffage mais, pourquoi m'en cacher, je crois que l'émotion que je ressentais n'y était pas étrangère. L'émotion d'avoir franchi un cap, bien sûr, même s'il reste beaucoup à accomplir. L'énervement, aussi, face à l'agressivité latente et l'empressement de vendeurs aux abois.

Nous avons discuté un bon moment de la date finale. J'avais demandé le premier janvier. Ils voulaient le 15 décembre. Ils ont eu gain de cause. Mais je leur ai expliqué que tout ne dépendait pas de moi, qu'au delà des banques, il y avait les diverses aides, dont celle représentée par la fronceuse de sourcils. Que ça allait être chaud pour la convaincre de me soutenir, elle qui tente encore de me décourager.

Et puis, mon business plan ne finit pas d'évoluer. Comme je vous le disais ce matin, je ne serai finalement pas toute seule à accueillir les gentils clients. Et ça, ça ne s'improvise pas, il faut rajouter des lignes, des détails, des charges, des chiffres...

Bon, OK, je flippe. Tout me tombe d'un coup sur le nez, même si je m'y étais préparée. Deux mois, ça leur semble une éternité, tandis que j'entends le "tic-tac" résonner en moi. C'est aussi pour cela que, paradoxalement, j'ai cédé, souhaitant faire taire mes angoisses, arrêter de reculer quand tout me dit de foncer.

L'avocate a fermé la fenêtre, elle avait froid. Je bouillais, à l'intérieur. En attendant que l'assistante revienne avec un compromis corrigé - des petites modifs de dernière minute- nous avons discuté. La gérante a refait son sketch sur le fait qu'elle n'était "pas faite pour la cuisine" (ce n'est pas comme si elle tenait un restau...), qu'elle allait retourner dans le salariat. Son compagnon s'acharnait sur son iphone, sans chercher à masquer sa nervosité. L'avocate me conseillait de mettre la pression sur la sapeuse de moral.

Dans ma tête, les images s'enchaînaient, j'essayais de visualiser le programme qui m'attendait à la sortie.

L'assistante est revenue, avec le compromis. Nous avons apposé nos signatures. Voilà.

Y'a plus qu'à.

2 commentaires:

  1. Bravo, félicitations, Chef.
    Mais ne fêtes pas trop, c'est maintenant que les choses sérieuses commencent.

    Bises
    L'oiseau

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  2. YES ! ça se précise !
    Une chance qu'il y ait des gens pour qui "ça marche", tiens ! ça te rappelle que c'est encore possible....
    Super contente pour toi ! Là, t'as un pas décisif de fait.

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