lundi 1 juin 2009

Papa, le cheval blanc et autres recommandations d'usage

En triant mes papiers - histoire de mettre les choses un peu au clair dans mon esprit un peu embrouillé, mais surtout pour tenter d'accéder à la partie nord-ouest de mon salon - j'ai relu des documents que les organismes de création d'entreprise vous remettent volontiers dès lors que l'on annonce la couleur. Du genre: "Allez-y... mais attention, sens interdit. Et là, interdit de tourner. Euh, là non plus..." En fait, on vous encourage à vous lancer mais on vous prévient que la partie va être rude. Naaaaaan, vraiment?

Dans les recommandations d'usage, on vous suggère donc, avant de vous lancer :

- De connaître le métier dans lequel vous allez exercer et d'avoir un maximum d'expérience;
- D'être assez solide financièrement, et si vous êtes propriétaire, c'est bien le minimum;
- D'être bien entouré et de bénéficier du soutien familial.

Tout mon portrait, en somme...

- Je n'ai absolument aucune expérience en restauration, même pas des extras à Notre-Dame-de-Monts ou à Canet-Plage. Je peux juste me vanter de gaver mes invités qui n'osent pas me dire qu'ils n'en peuvent plus. Et je soudoie régulièrement mes proches avec des p'tits cannelés.
- Je n'ai aucun bien, ma titine date du siècle précédent et je suis locataire. Dans un HLM qui plus est. Booooouuuh.
- Des amis, ça, j'en ai. Du soutien familial, comment dire... Je ne parlerai que de mes parents (j'ose croire que my sister est derrière moi, hein Isa) et là, non seulement on ne peut pas parler d'appui, mais carrément de travail de sape.

Hier soir, par exemple. Je leur explique, au téléphone, comment s'est passée la formation, en revenant sur les dangers que l'on nous avait exposés en long et en large, pour montrer combien j'en étais consciente et que donc, moi, je serai une bonne élève, je provisionnerai bien mes charges, blablabla. En fond sonore, j'entends mon père, toujours optimiste, grommeler:

"- Pff, en ce moment, y'a six restos qui ferment par jour."

Une variante de "tu n'y arriveras jamais" (novembre 2008); "ouais, en gros, tu veux faire un bar, quoi" (Noël 2008); "de toute façon, les gens, y vont plus au resto" (janvier 2009); "c'est impossible, ton truc" (février 2009)...

Et après, je ne sais plus.

Je me suis mise en pilotage automatique et je n'ai plus entendu ces réflexions tellement encourageantes qui me rappellent à chaque fois combien mon propre père a confiance en moi et en mes capacités. Ah, si, parfois, mon tympan perçoit "mais pourquoi ne postules-tu pas à Ouest-France ?" mais le message ne parvient jamais jusqu'à mon cerveau, va savoir pour quelle raison...

Cher papa, et je l'écris d'autant plus librement que tu ne le verras pas (!), je suis têtue, tu devrais le savoir - c'est de famille. Je ne demande pas d'aide financière, pas même un coaching démesuré pour arriver à mes fins. J'aurais juste aimé une oreille compatissante, simplement teintée d'amour, un petit signe d'encouragement. Je sais que c'est trop demander.

Donc, vous êtes gentils, vous les grands théoriciens : je n'ai pas de soutien familial. Et ne me parlez pas de conjoint, il n'a toujours pas frappé à ma porte. Faut dire qu'avec la circulation dans le centre-ville, le créneau avec un cheval blanc, c'est pas simple.

4 commentaires:

  1. Tu y arriveras et "il" arrivera aussi. Tes parents ont seulement peur pour toi, ça part d'un bon sentiment.

    L'oiseau

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  2. Oui, tu y arriveras!

    J'ai entendu le même refrain quand j'ai décidé de reprendre mes études... "avec un bébé, tu n'y arriveras jamais! "C'est de la folie, ça sert à rien" Tu te crois assez intelligente pour décrocher un bac, ma pauvre fille?"
    Et j'en passe, et des meilleures...
    7 ans après, je suis sur le point de décrocher un master (je croise les doigts, j'y crois j'y crois)

    quand on a une intuition et une énorme volonté, on y arrive... Les autres ne sont que des mauvaises langues, des gens inquiets ou des jaloux...
    Ton père semble inquiet, mais les mots blessent quand même!

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  3. La mite, tu es l'illustration même de ce que l'on peut faire lorsque l'on est volontaire et déterminée, sincèrement, ton parcours m'impressionne. Sérieux!
    L'oiseau, ton message ici et ton mail de ce matin m'incitent à écrire un p'tit post, à venir...

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  4. Fonce, la Mouette ; avec des mots comme ceux que tu as entendu, mes ailes n'ont jamais poussé, je suis l'oiseau aux ailes de plomb, le pinguoin de la banquise qui ne sait que rêver, non pas faire ; "ma pauv'fille, tu n'y arriveras jamais" multiplié par X années = rien.
    Alors fonce, et gueule un bon coup que zut, c'est pas à celui qui veut ouvrir ses ailes qu'on crie qu'on tremble pour lui, il a assez de ses craintes !
    Les mots que tu attends, je te les dis : vas-y ! y a pas de raisons que ça marche pas ! d'autres l'ont fait avant toi ! pis si ça rate, au moins t'auras la satisfaction d'avoir essayé, quand les autres n'auront pas osé !
    Fonce ; fais-toi plaisir. Tout ce que tu ignores s'apprend.

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