mercredi 17 juin 2009

Le Roi à la plage

Rien n'aurait pu me détourner de mes objectifs aujourd'hui. Pas même une conversation via Facebook, ni même le courrier du Comptoir des Cotonniers m'annonçant l'ouverture des soldes privées. Rien, je vous dis. J'avais préparé une stratégie imparable avec, en point d'orgue, un loulou au centre aéré pour la journée, alors que cela aurait été tellement plus sympa de passer ce mercredi ensemble. C'est vous dire si j'étais motivée.

Lui aussi, faut dire: il avait plage aujourd'hui. Oui, messieurs dames, nous avons aussi une plage au Mans. Bon, pour l'air iodé, c'est un peu moyen, mais le gros sable qui gratte, y'a. L'eau polluée aussi. Les gros lourdauds classiques ? Bien sûr. L'idée de pique-niquer tranquillement avec ses copains en se bourrant de chips et de se rincer les mains grasses dans une eau qui, de toute façon, ne craint plus rien, enchantait carrément mon fils, pourquoi l'en aurais-je privé, hein?

De mon côté, c'est mon cerveau (oh ça va, hein) que j'avais décidé de polluer. Au programme, le prévisionnel, un exercice comptable et l'analyse de mon questionnaire... Tiens, c'est marrant, quelqu'un m'a écrit ce matin que j'avais une vie palpitante.

J'avoue, les chiffres du plan comptable, c'est pas trop... ma tasse de thé. J'ai fait ma bonne élève, hein, mais enfin j'ai connu des matinées plus passionnantes. Pour le prévisionnel, je me suis aperçue que j'avais vraiment besoin de fixer, enfin, des prix à mes prestations pour le définir. En revanche, ce fameux questionnaire - que je vous avais soumis - m'a tenue en haleine. J'en ai oublié ma traditionnelle théière de l'après-midi, et je n'ai même pas envisagé d'aller farfouiller dans le placard à la recherche du gâteau-délicieux-qui-ne-ferait-même-pas-grossir.

Évidemment, on fait un peu dire ce que l'on veut aux chiffres mais enfin, globalement, les Manceaux n'attendent plus que mon p'tit commerce pour être totalement épanouis... Si, ça, je peux le faire dire aux chiffres, je vous jure. Alors, c'est vrai, comme ça manque un peu de cohérence, j'ai dégonflé mon bourrichon dans la foulée et suis revenue à une vision plus terre-à-terre de mon projet. Cela dit, il n'y a pas pléthore de salons de thé / petits restaurants -quoi qu'en dise mon grand ami - dans la cité mancelle et je reste persuadée qu'il y a une place à prendre.

J'écris cela et hier encore, je me voyais déjà recommencer toute mon étude de marché dans une autre ville que Le Mans, plus près de l'Atlantique... Parfois, je m'interroge : suis-je capable de m'intégrer à cette petite caste commerçante, ici? La population est-elle suffisamment ouverte pour s'intéresser au lieu que j'ai envie de créer ? Dans une plus grosse ville, que j'aime, au moins...

Je ne déteste pas ma cité d'adoption, loin de là, et je la trouve même de plus en plus vivante au fil des années. Simplement, je croise encore régulièrement des esprits étriqués et certaines personnes que j'ai sondées m'ont elles aussi fait part de leur perplexité en assurant: "je ne suis pas sûre que Le Mans soit une ville suffisamment ouverte... " Ou "Mais ce qui est possible à Paris ou Nantes l'est-il ici?" Ce genre d'interrogations que je balaie parfois d'un revers, mais qui me reviennent à l'esprit lorsque j'entends les loyers pratiqués ici, ralentissant pour le moins ma recherche de local. J'en avais repéré un, idéalement situé: 7500 euros de loyer. Mensuels. Quitte à payer, autant alors investir dans une ville plus importante...

J'en étais à ces réflexions lorsque j'ai regardé l'heure: dans trois minutes, mon fils serait considéré comme SPF (sans parent fixe). Un petit sprint plus tard - qui m'a confirmé que mon lumbago ne s'était pas fait la malle - et j'étais devant la grille, constatant que mon loulou était bien le dernier. Tout rouge. Parce qu'à la plage mancelle aussi, y'a du soleil, quoiqu'en sous-entendent certains Sudistes.

Vu l'heure, c'était un peu mort pour un repas gastronomique. Loulou, maintenant couvert de Biafine, tardant à se mettre à table, je lui précisais qu'aujourd'hui, c'était macédoine, en son honneur, évidemment, puisque Cassandre était dans l'antiquité un roi de Macédoine (je sais, c'est nul, mais on peut pas toujours être au top, surtout quand il s'agit de nourrir sa progéniture). C'est lorsqu'il m'a demandé le pain sans un "s'il te-plaît" ou "merci" que j'ai compris mon erreur. Il s'est enfoncé dans sa chaise, nonchalamment, m'a fixée et a articulé : "Aujourd'hui, je ne dis pas de mots polis, je suis le Roi."

Eh ben, le Roi, je l'ai remis à sa place. Terminé les châteaux de sable qui lui montent à la tête. Non mais.

4 commentaires:

  1. Hi hi ! 'comprend vite, Loulou...mais même les rois sont polis, puisqu'ils ont aussi des devoirs envers leurs sujets...(coup de pouce gratos - à resservir).
    Le Mans, je n'y suis jamais allée - ou juste en passant ; ça m'a toujours paru faire plus province que chez moi, et déjà faut le faire.
    Un mien ami, exilé là-bas un an durant, revint atterré, jurant de n'y plus jamais retourner ; mais ça évolue partout, alors qui sait ?
    Un salon de thé, c'est sympa aussi dans les petits bourgs à vocation touristo-artistiques, mais faut supporter les 300 autochtones !
    Ecoutes, suis ton rêve ; même si tu dois soit le poursuivre ailleurs, soit faire autre chose après, au moins tu l'auras eu !
    Les plus malheureux sont ceux qui ne démarrent jamais...tiens bon.

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  2. Tu as raison de ne pas te laisser marcher sur les pieds, même par un roi? Nan mais !

    Dis, la Mouette, on attend la suite de ta passionnante histoire de grand reporter dans le milieu du basket, nous.

    L'oiseau

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  3. Ah, l'oiseau, tu veux donc que je refouille dans ma mémoire? Je vais faire mon possible, entre deux péripéties quotidiennes... C'est bien parce que c'est toi!

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