lundi 4 mai 2009

Fonce, sur un malentendu, ça peut marcher...

Elle est arrivée ce matin, l'oeil chagrin, l'air énervé. "Je viens vous dire au revoir." C'était l'une des deux "futures associées", de notre groupe, avec un projet de service à la personne qui ne semblait pas l'attirer plus que ça. De fait, sa copine lui a fait faux-bond, décidant de stopper la formation et laissant en friche toute cette belle volonté affichée voilà deux semaines.

Nous étions là, autour de la table, et notre réaction a été unanime: "pourquoi arrêter? Qu'as-tu à perdre ? Lance-toi dans ton propre projet!" Influençable, la jeune C. nous a regardés, un peu interloquée. Elle nous a écoutés. Chacun avait ses arguments. Sans nous concerter, nous étions sur la même longueur d'ondes. Emue, comme en témoignait son regard un rien embué, elle nous a fixés. Elle s'est pincée les lèvres. "Je reste." Aussi simple que cela.

J'ai aimé cet instant de solidarité, sans aucun calcul. Nous non plus n'avions rien à gagner. Nous ne la connaissons pas. Et pourtant, nous avions tous envie qu'elle y croit. Qu'elle tente, au moins. Et nous n'étions pas peu fiers de l'avoir à la fois convaincue et déridée. Nous ne pouvions concevoir qu'elle parte sans avoir essayé.

Elle a agi comme un miroir, représentant nos peurs de nous lancer, exprimant les mêmes doutes qui nous taraudent. "Je n'ai pas les épaules assez larges", se justifait-elle, avant de changer d'avis. Oui, elle a fait écho à nos propres angoisses.

Moi-même, hier soir encore, je me disais que finalement, j'allais tout lâcher, que je n'y arriverais pas, qu'il valait mieux que je reste dans le journalisme (mais cela est-il même envisageable? hum, pas sûre... ). Et me voilà, le lendemain, à lui assurer que non, vraiment, elle ne doit pas renoncer mais au contraire foncer, affirmer ses convictions et sa soif d'indépendance! C'est tout moi, ça, faites ce que je dis mais pas ce que je fais. En même temps, je ne peux que la remercier, elle m'a permis de prendre conscience de mon envie d'avancer. J'ai trop creusé pour revenir en arrière. Qu'importe les moues sceptiques, que je continue de surprendre sur des visages parfois hautains.

Forcément, je ne suis pas sûre que mes épaules suffiront à porter mon délire. Mais moi aussi, je veux essayer.

3 commentaires:

  1. T'inquiète!
    Quand tu viendras nous dire "j'arrête, j'abandonne", nous te dirons nous aussi "pourquoi arrêter? Qu'as-tu à perdre ? Lance-toi!"
    Sans doute aussi parceque nous, nous n'aurons pas osé!

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  2. C'est beau cette solidarité!
    Tu as raison de t'accrocher, ton entreprise est belle :o)

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  3. heureusement qu'il y a encore des gens solidaires et désinterresés !

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